Des photos collées sur les murs de la cuisine d’un des plus grands hôpitaux publics du grand Tunis, illustrant la saleté et l’absence des règles de l’hygiène ont circulé via les réseaux sociaux, suscitant émoi et exaspération de l’opinion publique.
De nombreuses interrogations s’imposent sur la question d’hygiène dans des hôpitaux publics, devenue un des goulots d’étranglement qui étouffe le système de santé en Tunisie.
D’après Mohammed Rebhi, directeur général de l’hygiène du milieu et de la protection de l’environnement au ministère de la santé, l’hygiène au niveau de la restauration hospitalière bénéficie d’une priorité absolue, dont l’objectif est de protéger les patients et les professionnels de la santé qui prennent leurs repas dans les hôpitaux.
Outre les services internes d’autocontrôle de l’hygiène dans les hôpitaux, des visites d’inspection inopinées sont effectuées chaque semaine par les services régionaux et centraux de l’hygiène, a-t-il précisé.
Nous avons un programme spécifique pour le contrôle des cuisines et des buvettes des hôpitaux publics, a-t-il ajouté, faisant remarquer qu’un audit est effectué à raison de deux fois par an. Concernant le repas dans les hôpitaux, notre travail consiste à contrôler, en coordination avec des nutritionnistes, sa conformité aux règles de l’hygiène, selon le responsable.
Visites inopinées à hôpital public: le constat inquiétant
L’équipe d’hygiénistes relevant du ministère de la santé a effectué dans le cadre de son travail d’inspection une visite inopinée à une buvette relevant d’un hôpital public régional.
En accédant à la buvette, l’équipe a été frappée par le constat suivant : des produits alimentaires jetés par terre, des ustensiles délaissés sur un sol souillé par les déchets, un mauvais stockage des matières premières et l’utilisation de matériaux d’emballage en aluminium ayant des risques sur la santé.
“Les patients, les visiteurs et le personnel de la santé ont le droit de bénéficier d’un repas propre et de produits alimentaires sains”, a noté Karima Badri, hygiéniste principale à la direction de l’hygiène du milieu au ministère de la santé, déplorant l’état insalubre et délabrée de cette buvette.
D’autres infractions ont été constatées par l’équipe d’hygiénistes dont l’absence d’une tenue de travail pour le personnel travaillant dans cette buvette, d’un point d’eau pour laver les mains et d’un vestiaire.
“Toute institution hospitalière doit comporter dans les différents locaux où sont manipulés les denrées alimentaires, un nombre suffisant de lave-mains”, a précisé Meriem Lahbibi, hygiéniste.
“Dans les zones de manutention des denrées alimentaires, il est impératif que les équipements et accessoires situés en position haute soient installés de manière à éviter toute contamination directe ou indirecte des aliments et des matières premières et empêcher l’accumulation de saleté et le développement de moisissures”, s’est-elle adressé sur un ton blâmant au propriétaire de la buvette.
Nous travaillons conformément à la loi n° 117 du 7 décembre 1992 relative à la protection du consommateur, a- t-elle rappelé, faisant remarquer cette loi leur accorde le plein droit d’accéder aux institutions hospitalières pour effectuer leur travail d’inspection.
Dans le cadre de ce même travail d’inspection, l’équipe d’hygiénistes a visité la cuisine d’un hôpital de renommée du grand Tunis en vérifiant entre autres si les locaux où circulent les denrées alimentaires ainsi que le matériel en place permettent un stockage et une bonne conservation.
D’après Salma Sliti, ingénieur principal de santé, cet hôpital a bel et bien respecté les règles de l’hygiène, soulignant que le sens de la responsabilité et le devoir de protéger les patients résidents incite le cadre administratif de cet hôpital à redoubler d’effort en vue d’offrir un repas sain sans risques sanitaires. “Nous vérifions dans le cadre de cette visite si l’établissement dispose des équipements de maintien en température des plats chauds”, a-t-elle dit.
“Nous examinons, aussi, dans les zones de manutention des denrées alimentaires, tous les équipements et accessoires situés en position haute”, a-t-elle encore ajouté, expliquant qu’il s’agit à ce titre de savoir s’ils ont été installés de façon à éviter la contamination des aliments et des matières premières, la formation d’eau de condensation qui peuvent égoutter sur les produits et le développement de moisissures.”
“En dépit de nos incessantes visites inopinées aux hôpitaux et de notre effort quotidien pour faire face aux infractions, l’hygiène dans ces institutions demeure en de ça des normes requises. Un surcroît de persévérance et un travail de longue haleine nous attend encore”, a-t-elle fait remarquer.