« La réussite de la transition démocratique en Tunisie est le résultat de compromis politiques et de concessions mutuelles », a souligné jeudi Mehdi Mabrouk, professeur de sociologie et directeur du centre arabe de recherche et d’étude des politiques (CAREP).
Lors d’un colloque tuniso-belge sur « l’art de gouverner par compromis vers une construction politique et sociale de figures de compromis » /, organisé à l’initiative du CAREP et du Forum El Jahedh en collaboration avec l’organisation belge « La Revue Nouvelle » et l’Association des démocrates Tunisiens au Benelux (ADTB), Mehdi Mabrouk a indiqué que le compromis est aujourd’hui l’une des priorités des élites politiques, scientifiques et intellectuelles qui cherchent à trouver des solutions pour éviter les situations de conflits.
« Toutefois, il convient aujourd’hui de bien comprendre la théorie du compromis et de réfléchir sur les enjeux et les limites de ce concept », a souligné, pour sa part, Mehrez Drissi, président du Forum El Jahedh.
Dans ce contexte, il a fait observer que le colloque tuniso-belge a pour but de mettre en évidence d’une part, l’expérience de la transition démocratique et du dialogue national en Tunisie et d’autre part, l’expérience belge de polarisation (entre laïques et catholiques, régimes linguistiques et communautaires, entités fédérées) et le dialogue social (Pacte social de décembre 1944) fondée sur l’art du compromis.
De son côté, Majed Hamzaoui, professeur à l’université Libre de Bruxelles et membre de l’ADTB a signalé que la notion de compromis fait partie désormais de la grammaire politique et médiatique tunisienne.
« Le compromis qui émerge aujourd’hui dans plusieurs champs (professionnel, éducatif…) est un instrument pour pacifier les conflits et réaliser un certain nombre de projets », a-t-il fait observer.
Dans son intervention, Mohamed Nachi, professeur à l’Université de Liège a souligné que l’institutionnalisation du dialogue entre les forces vives (partis politiques et société civile) est révélatrice d’un processus de pacification et de compromis politique.
« Les nouvelles formes de régulation et les processus d’intégration sociale et politique qui convergent vers le compromis est un procédé nécessaire pour permettre aux sociétés d’assumer leur histoire tout en modernisant », a-t-il dit.
« Mais ces différentes interprétations et usages de la notion compromis doivent tenir compte du compromis en tant que concept commun qui implique une forme d’échange et d’interaction entre les partenaires mus par l’idée de parvenir à un accord, de trouver un accommodement entre des principes ou des intérêts contradictoires », a-t-il expliqué.
Organisé pendant deux jours, le colloque abordera plusieurs questions sur les conditions nécessaires pour la formation de compromis, les obstacles et les cadres idéologiques ou référentiels qui empêchent l’institution des politiques génératrices de compromis outre la présentation de l’expérience belge. Une table ronde sera organisée en marge du colloque sur « la société civile : enjeux du dialogue civil et social ».
Des représentants de plusieurs organisations et associations tunisiennes (LTDH, UGTT, UTICA, L’ordre national des Avocats de Tunisie, ATIDE, Marsed Chahed, Dostourouna, Mourakiboun…) y prendront part.