La Sirène de Dar Cherif : Un devoir de mémoire au grand complet le 22 avril à l’IFT

“Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage” c’est par ce sonnet teinté de mélancolie de l’oeuvre classique du poète français Joachim du Bellay (16ème siècle), que les internautes sont salués sur la page d’accueil du site du Centre international d’Art et de Culture Sidi Jmour, à Djerba, mis en ligne en 2010.

Gardant jalousement l’effet des couleurs chaudes, celles du Sahara et des palmeraies, le site est down depuis le départ de son fondateur, l’esthète Feu Hamadi Chérif, (10 février 2014), artiste et collectionneur d’œuvres d’art, habité depuis sa visite à Djerba par le désir ardent de faire dans cette Ile une plateforme polyvalente et multidisciplinaire ouverte pour les artistes du monde.

Un Rêve qui s’est réalisé au mois d’avril 2010, “et qui doit désormais redevenir réalité”, a insisté avec beaucoup d’émotion et habitée par l’espoir, Najoua Chairat, présidente de l’association culturelle euro- méditerranéenne la Sirène de Dar Cherif, dans un entretien accordé à l’agence TAP.

Les Amis s’unissent autour d’un concert pour le coup d’envoi des soirées “Musique du Monde-Hamadi Chérif”

C’est pour faire revivre l’âme de Hamadi Chérif, pérenniser son oeuvre et ré-ouvrir son espace jadis plein de vie aujourd’hui scellé et objet de priorité d’acquisition pour le ministère de la culture et de la sauvegarde du patrimoine, l’association “La Sirène de Dar Cherif”, le Ministère de la culture, en partenariat avec l’Institut Français de Tunisie (IFT) organisent le vendredi 22 avril 2016 (à partir de 20H30 à l’auditorium de l’IFT) le concert “Jardins Migrateurs”, du nom de l’album sorti en 2015 par le sénégalais Ablaye Cissoko et l’ensemble Constantinople (Iran-Canada), fondé en 1998 et dirigé par Kiya Tabassian.

Ce concert, a expliqué Najoua, directrice générale de la société SBE-sa, marquera le premier coup d’envoi du cycle des soirées “Musique du Monde – Hamadi Chérif”. Ce premier spectacle commémore la deuxième année de la disparition de ce grand voyageur et célèbre le sixième anniversaire de la création du Centre de Sidi Jmour en 2010, ayant généreusement ouvert ses portes à des artistes et créateurs de toutes nationalités.

C’est pourquoi, a ajouté la présidente de l’association, cette soirée a bénéficié de l’appui infaillible de Said Essadi directeur artistique du Festival “Au fil des Voix” (France), Kamel Dhafri, directeur du festival “Villes des Musiques du Monde” (Aubervilliers, banlieue de Paris), Marie José Justamond, directrice-programmatrice du festival de la musique du Monde “Les Suds à Arles, Zeev Gourarier, directeur scientifique et des collections au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem, Marseille) ainsi que du festival Arabesques-Uni’Sons de Montpellier dédié aux arts du monde arabe.

Cette soirée, a déclaré Najoua Chairat, est une action menée par tous les amis fidèles et artistes qui ont connu et côtoyé de près feu Hamadi Chérif et cru en lui et à l’importance de son Centre qui, dès le départ (statut du 7 juillet 2006), s’est voulu une vitrine ouverte sur le monde extérieur.

 “Jardins Migrateurs”: un hommage posthume au jardin d’inspiration ouvert par Chérif à tous les créateurs

Et c’est parce que cette plateforme incarne un creuset où circulent Savoir, Idées et Cultures, “notre ambition à Tous est de continuer sur les traces de Hamadi et de venir en aide à ce Centre afin de préserver sa vocation, celle de favoriser des échanges interculturels, d’initier des projets pluridisciplinaires et de mieux faire connaître, comme il l’a toujours fait, la richesse du patrimoine artistique tunisien” a-t-elle ajouté.

D’ailleurs, cette première soirée qui ambitionne d’être suivie d’autres concerts, sera ponctuée, par la participation du célèbre artiste Sénégalais Ablaye Cissoko, qui se tient aux confluents de la musique africaine et du jazz. A ce titre, il faudrait bien se rappeler que ce joueur de kora (instrument à cordes d’Afrique de l’Ouest, une sorte d’harpe-luth mandingue) s’est produit le samedi 20 avril 2013 à Sidi Jmour.

Trois ans après, il revient pour partager avec le public les traditions orales des cultures méditerranéennes et les musiques manuscrites du Moyen-âge et de la Renaissance, à travers une rencontre poétique entre cordes et voix, des épopées du Royaume mandingue aux musiques de cours persanes.

Dans ce spectacle d’hommage posthume, Ablaye Cissoko se produira avec l’ensemble Constantinople, son complice dans “Jardins Migrateurs”. Et ce n’est pas un hasard, comme l’écrit Kiya Tabassian “Mon jardin est mon oeuvre. Ma mémoire est la terre de mon jardin. Tout ce qui pousse sur cette terre, y garde les racines et déchire le sol pour aller ailleurs, pour s’unir à l’univers”. Hamadi Chérif, “le libre voyageur, artiste hors du commun” a tenu à faire de Sidi Jmour, zone vierge à l’ile de Djerba, au coeur d’une oasis de palmeraies et d’oliviers, “un véritable jardin d’inspiration pour les artistes et hôtes de tous bords” a-t-elle tenu à rappeler .

L’oiseau continue de virevolter entre l’ombre des palmiers dans un Site en down mais où la visite virtuelle est encore vivante

C’est à la mémoire de ce beau jardin, et à leur façon, que les musiciens de Constantinople et Ablaye Cissoko, griot de Saint-Louis du Sénégal, et maître de la kora, se réuniront dans Jardins Migrateurs. Un devoir de mémoire au grand complet pour dépoussiérer le Centre Hamadi Cherif, le plus grand centre international d’Art et de Culture en Tunisie, unique en Afrique, avec une salle polyvalente d’une capacité d’accueil de près de 200 personnes, un grand patio pour les spectacles de plein air, des ateliers d’artistes, des chambres d’hôtes et des résidences d’artistes et de créateurs de toutes nationalités et de tous bords: danse, théâtre, musique, cinéma, arts plastiques…

La dernière activité mise en ligne est l’exposition “Otto Dix” (1891-1969); C’était du 3 mai au 10 juillet 2013, la toute dernière publication sur un site mis en veilleuse mais où l’oiseau continue de virevolter entre l’ombre des palmiers, dans l’animation visuelle en diaporama… en haut de la page d’accueil où la visite virtuelle est encore vivante pour les nostalgiques et fidèles. En attendant une visite réelle….prochainement, espère Najoua avec un sourire qui cache une larme. Et une larme c’est un pour cent d’eau, 99 pour cent de sentiments (citation).