La Tunisie a été choisie invitée d’honneur de la 30ème édition du Salon du livre et de la presse de Genève qui se tiendra au Palexpo du 27 avril au 1er mai 2016.
Dans une interview accordée à l’agence TAP, la ministre de la culture et de la sauvegarde du patrimoine Sonia M’barek a tenu à souligner que cette présence à ce Salon d’envergure, très attendu en Europe, est une occasion qui se prête pour favoriser une meilleure visibilité à la Tunisie, revaloriser son capital humain et réseauter ses potentialités intellectuelles, source de sa fierté.
A ce sujet, la ministre a précisé que la Tunisie bénéficiera d’une superficie de 650 mètres carrés où sera installé le pavillon tunisien avec une série de stands.
Des stands où seront présents en force l’INP, l’Amvppc, le centre national de la traduction, la Bibliothèque nationale de Tunisie, le CMAM (Ennejma Ezzahra) et un stand réservé aux éditeurs tunisiens. Sur ce point, environ une dizaine d’éditeurs afficheront leur participation faisant savoir dans ce sens que depuis la révolution de 2011, le nombre des éditeurs tunisiens est passé de 124 à 232 en 2015.
Les lettres tunisiennes et les arts à l’honneur
La participation de la Tunisie dans ce Salon qui dispose d’un réseau extraordinaire d’intellectuels, d’auteurs, d’éditeurs, de libraires, de diffuseurs etc, est le fruit d’un véritable travail collectif auquel ont contribué l’ambassade de Tunisie en Suisse et le tissu associatif tunisien, a affirmé la ministre.
Occupant une place de choix dans le paysage culturel, la littérature tunisienne mérite d’être connue et diffusée, a ajouté Sonia M’barek. Il s’agit “pour nous de profiter de cet espace privilégié de culture, de réflexion et de libre-expression pour parler de l’extraordinaire et salutaires secousse Tunisienne, en donnant la parole à ceux qui manient la plume.
C’est pourquoi, elle a tenu à mentionner que la thématique choisie porte sur “Révélations de la révolution tunisienne” une thématique qui vise à donner une autre image de la Tunisie loin des clichés et stéréotypes classiques.
Dépassant cette vision faisant de la Tunisie une simple destination balnéaire, “notre objectif est de montrer et même de défendre dans ce salon, l’image d’une Tunisie plurielle en parfaite harmonie dans sa diversité” a-t-elle expliqué.
A cet égard, “nous avons essayé d’élaborer une programmation globale et exhaustive, en fêtant la Tunisie par le livre, le cinéma, le patrimoine et par tous les Arts” a confié Sonia M’barek.
Dans ce contexte, une série de panels, des ateliers, des projections de films, des ateliers et des expositions seront au programme.
Révélations de la Révolution tunisienne au coeur des débats
La Révolution tunisienne et son impact sur tous les plans sera la thématique centrale avec une série d’interventions. En effet, de grands débats sont prévus autour de la genèse le 26 janvier 2014 de la nouvelle Constitution Tunisienne et de la transition démocratique en Tunisie, en présence de Chaouki Gaddess, Ghazi Ghrairi, Abderrazek Kilani et Abdelbasset Ben Hassen.
Cette participation sera une occasion également pour parler du Prix Nobel de la paix à travers une rencontre avec un représentant du Quartet du Dialogue national tunisien.
Parler de la Tunisie d’aujourd’hui est certes une évidence mais il ne faudrait pas aussi léguer aux oubliettes notre passé glorieux, a tenu à rappeler la ministre.
En effet, une conférence sera donnée par l’historienne et universitaire Kamar Ben Dana, à la mémoire de Tahar Hadded, ce penseur qui a milité pour la liberté de la femme et la justice sociale.
Dans le cadre de la célébration du 170ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage en Tunisie (1846), une conférence sera présentée par Abdelhamid Largueche dès lors que cette abolition constitue la première grande réforme sociale durable dans la Tunisie pré-coloniale.
Dans l’esprit de faire valoir dans ce salon une Tunisie moderne, riche et enrichissante, les panels se focaliseront également sur un débat avec Olfa Youssef et Raja Ben Slama qui parleront de “Sept controverses en islam…” à travers une approche dialogique de sept controverses en islam (voile, alcool, homosexualité, châtiment du voleur, peine capitale, polygamie et mariage de la musulmane au scripturaire).
Porter un regard multiple sur un pays authentique, ouvert et à la quête d’une révolution culturelle
Cela dit, le regard porté à la Tunisie se traduit par d’autres et multiples manières. Il s’agit aussi de montrer l’effervescence de la scène culturelle et artistique tunisienne.
Ainsi, le programme prévoit dans le cadre du “Cercle des poètes passionnés”, une rencontre avec trois poètes, Adam Fathi, Jamila Mejri et Khaled Oueghleni.
A l’image de cette ouverture d’esprit, une démonstration de cette Tunisie simple, authentique, ouverte et à la quête d’une révolution culturelle, sera le thème du cercle littéraire et artistique “Ness Decameron”, fondé par le romancier tunisien Kamal Riahi en 2011.
En plus d’une littérature qui ne cesse de se chercher en suivant de nouvelles voies de création, il ne faudrait pas oublier la place qu’occupe la presse en Tunisie après la révolution, a ajouté la ministre. Dans ce contexte, “La presse et le fait politique après la révolution” et “le cyberactivisme” seront au centre des débats avec Arroi Baraket, Mohamed Haddad, Khansa Ben Tarjem, Hind Soudani, la blogueuse Amira Yahyeoui, Aziz Amemi et Salim Amemou.
Expositions visuelles pour faire connaître et faire découvrir notre mémoire
Le Salon du livre et de la presse de Genève sera une occasion “pour le public genevois et européen de découvrir également notre patrimoine matériel et immatériel” a ajouté la ministre. Ainsi, sera présenté le nouvel ouvrage “Bardo, l’histoire d’un musée” et ce, dans le cadre d’une conférence présentée par l’historien chercheur et président du département du développement muséographique à l’INP, Tahar Ghalia.
Une série d’expositions visuelles est au programme, afin de faire connaitre et faire découvrir aux publics notre mémoire et notre patrimoine matériel et immatériel, a mentionné la ministre.
“Résistance, trace d’une révolution” est le thème d’une exposition photographique, préparée par Sana Tamzini, une sorte de réconciliation avec notre passé et une initiative de relecture visant à immortaliser l’enchevêtrement des traces de notre patrimoine en voie de disparition, une mise en avant de moments ancrés dans notre histoire.
Outre l’exposition sur la calligraphie arabe par Nja Mahdaoui, un focus sera réservé également à “Sfax, capitale de la culture arabe 2016”.
Préparée par l’artiste Sadika Keskess, l’exposition “La Tunisie de Paul Klee à travers les tissages” sera présentée à l’occasion de la célébration du 102ème anniversaire du séjour de Paul Klee en Tunisie.
“Regards croisés” est l’intitulé d’une exposition d’artistes tunisiens et suisses, préparée par l’Ecole Supérieure des Sciences et Technologies du design de Tunis.
Le programme comporte également des ateliers notamment de céramique “Les Monstres” animé par Imen Chetouane qui proposera aux enfants de faire des dessins de monstres puis les façonner avec de l’argile en utilisant la technique du modelage à la main.
“Caricature: Notre quotidien” est un atelier qui sera animé par Majed Zalila qui posera son propre regard critiquant le comportement du Tunisien dans un style humoristique.
“Le Maghrebi”, le plus tunisien des styles calligraphiques, sera le thème d’un atelier d’initiation à la calligraphie arabe, qui sera animé par Yesser Jeradi.
Le cinéma tunisien sera présent avec le film “Nhebbek Hédi” de Mohamed Ben Attia, un film qui vient de remporter le 20 février 2016, deux distinctions à la 66ème édition du Festival international du film de Berlin (prix de meilleure oeuvre et Ours d’Argent du meilleur acteur à Majd Mastoura).
Le Salon du livre de Genève est la plus grande manifestation dédiée au livre et à l’écrit de Suisse, avec ses quelques 1000 auteurs, 100.000 visiteurs et 1500 animations et rencontres attendues et où “nous espérons donner le ton fort pour faire rayonner la Tunisie, un véritable musée à ciel ouvert” a conclu la ministre Sonia M’barek.
Dans son mot, la présidente du Salon du livre et de la presse de Genève Isabelle Falconnier explique “Un hôte d’honneur, la Tunisie est un carrefour exceptionnel entre Orient, Occident et Afrique, à la culture littéraire et intellectuelle immense dont nous sommes fiers de nous faire le relais”.