Accueillant le 26 mars 2015, dans un mouvement de solidarité, la délégation des religions monothéistes conduite par l’écrivain juif d’origine polonaise Marek Halter, après l’attentat du 18 mars de la même année, le musée national du Bardo recevra au mois d’octobre prochain, dans un nouveau message symbolique de réconciliation, de paix et de respect de la vie et des valeurs humaines, une exposition temporaire sur la “Tolérance entre les religions” a annoncé Sonia M’barek, ministre de la culture et de la sauvegarde du patrimoine dans un entretien accordé à l’agence TAP.
Les préparatifs sont en cours actuellement entre le ministère et le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée à Marseille (Mucem, France). Lequel avait auparavant organisé une exposition temporaire baptisée “Lieux Saints Partagés” (29 avril-31 août 2015).
Un profond focus sur le vivre-ensemble en Méditerranée, en posant un regard sur les comportements religieux des populations méditerranéennes et sur l’un des phénomènes les plus intéressants et aussi parmi les plus méconnus de la région, à savoir le partage et l’échange entre communautés religieuses.
Le musée doit être également un lieu de vie, de partage tourné vers l’avenir
Ce projet s’inscrit dans le cadre des démarches de jumelage et de partenariat qui sont à l’horizon pour défendre la culture de la vie, la culture du partage et la culture du dialogue, a expliqué la ministre. “Nous avons beaucoup de projets dans ce sens afin de rendre la Tunisie visible sur d’autres volets qui méritent d’être revalorisés”.
En effet, l’idée d’organiser des expositions temporaires en partenariat avec de prestigieuses institutions comme le Mucem est que de telles initiatives deviennent petit à petit une composante naturelle de la vie d’un musée.
Plus qu’un lieu de rencontres, le Musée du Bardo doit s’affirmer désormais comme un lieu de partage, ouvert et accessible à Tous.
“Notre volonté dans ce contexte est qu’il devienne un centre d’activités multiformes, ancré au coeur de la cité où le spirituel et la consommation sont étroitement mêlés dans ce qu’il est convenu d’appeler la vie culturelle d’un musée” a-telle mentionné.
Car à la lumière de l’approche classique qui est dépassée, le musée du Bardo ne doit pas être un simple lieu de conservation, de restauration et d’exposition de notre histoire et de notre civilisation mais doit assumer un rôle de développement socio-culturel.
L’ambition, a-t-elle ajouté, est de donner un coup de jeune à cette institution, basé pour le moment sur deux grands projets : prévoir des partenariats et installer une librairie-bibliothèque.
L’ambition : faire du musée une destination pour une plus large diversité et l’ouverture d’une librairie- bibliothèque
A l’instar des grands musées dans le monde servant de référence et tournés vers l’avenir, le musée national du Bardo, point de passage pour de grandes personnalités et de visiteurs de tout bord, le Musée ambitionne de devenir une véritable destination pour une plus large diversité de son public.
Dans ce sens, la ministre a tenu à rappeler qu’après le 18 mars 2015, la priorité était de sécuriser l’espace pour faire redémarrer le tourisme culturel, tout en réfléchissant à proposer de nombreux modules pour préparer sa visite, approfondir ses connaissances et enseigner l’histoire surtout aux enfants et aux jeunes.
Après cette première étape de sécurité (d’ici la fin de l’année tous les musées seront sécurisés), les efforts ont axés sur la préparation de l’ouverture d’une librairie- bibliothèque au sein du musée avec au programme l’édition de livres et la fabrication de goodies, en se basant sur une stratégie de marketing et de management culturel claire. Une stratégie qui repose sur l’établissement de partenariats avec des professionnels qui disposent de techniques et qui font dynamiser au mieux leurs musées.
L’approche participative au coeur de l’attractivité culturelle
Cette librairie-bibliothèque sera composée de livres certes mais aussi de cd-roms sur les 40.000 sites archéologiques et monuments en Tunisie dont malheureusement 5 à 10 pour cent de cet héritage énorme sont exploités.
En tant que ministère, nous allons “déployer tous les efforts pour mettre en valeur les potentialités énormes au niveau de notre patrimoine matériel et immatériel afin qu’il soit mieux visible” a-t-elle indiqué.
La deuxième étape de notre stratégie consiste, a mentionné Sonia M’barek à “rapprocher le musée des citoyens où qu’ils soient en organisant chaque semaine des lecture- classes avec toutes les écoles de Tunis mais aussi des régions”.
Dans ce sens, elle a tenu à signaler que ceux qui ne peuvent pas venir à Tunis, c’est le musée qui se déplacera vers eux, et ce, en leur envoyant des experts pour leur raconter déjà l’histoire de ce musée, ancien palais beylical transformé de nos jours en un musée contemporain.
Avec un budget “réduit”, qui n’est “jamais suffisant pour la culture”, a relevé la ministre, il faut “résister et réfléchir à des idées, des projets clairs et innovateurs et ce, dans le cadre d’une approche culturelle participative.
D’ailleurs, les régions regorgent de jeunes talents dans les différents domaines. La priorité étant également de partir vers les spécificités régionales dans les domaines de l’art, de la création, du patrimoine matériel et immatériel en Tunisie.
De ce point de vue, a conclu la ministre, la décentralisation de l’offre culturelle demeure au coeur de ce qu’elle a qualifié “l’attractivité culturelle à la Tunisienne”.