“Avec les Prépondérants, j’ai franchi la Méditerranée”. Une phrase de Hédi Kaddour pouvant constituer la réponse au contenu de son tout dernier roman “Les prépondérants”, cet opus de 464 pages qui depuis sa sortie en France, en 2015, a été doublement primé (Prix Jean-Freustié et Grand prix du roman de l’académie française).
L’auteur franco-tunisien Hédi Kaddour était à Tunis, samedi, au stand de la France, invitée d’honneur de la 32ème édition de la Foire internationale du Livre de Tunis pour parler de son ouvrage “Les Prépondérants”, un roman, en Français, entre fiction et histoire sur le Maghreb des années 20.
Ce retour littéraire de Kaddour en Méditerranée s’expliquerait par ses origines puisqu’il est issu d’un couple franco-tunisien.
“Ma mère était pied-noire d’Algérie et mon père tunisien”, a souligné Kaddour qui s’estime être quelqu’un de “cosmopolite”.
Lui qui avait “vécu en Tunisie jusqu’à l’âge de 12 ans, est ensuite parti en France, puis au Maroc et a voyagé beaucoup à travers l’Allemagne et les USA, pays qui l’on beaucoup marqués”.
Cette identité multiple entre Orient et Occident et sa formation académique ont fait que son style d’écriture soit unique où s’entremêle la fiction aux souvenirs de l’auteur dans une mise en scène exceptionnelle. Dans “Les prépondérants”, l’auteur décrit des paysages qui renvoient à plusieurs espaces entre la Tunisie, le Maroc, la Méditerranée, le désert, l’oasis, l’Alsace, l’Allemagne et les USA.
Cette fiction romanesque qui se passe à “Nahbès”, une ville imaginaire quelque part au Maghreb des années 20, alors sous domination française, a signé l’entrée de Kaddour dans l’univers d’une histoire maghrébine imaginaire en jetant un nouveau regard sur le colonialisme.
D’ailleurs, il a déclaré, “je n’écris pas l’histoire, je suis dans la fiction, je m’installe dans la fiction”. Poète, dramaturge, romancier, Hédi Kaddour avait à ses débuts “commencé par écrire des recueils de poèmes”.
Il n’est donc pas étonnant de sentir cette écriture romanesque d’un auteur soucieux du moindre détail. Dans l’un des extraits de “Les prépondérants”, Kaddour a récité:”
…Belkhoja lui avait rendu la pareille pendant que le serviteur s’éclipsait pour revenir avec un pain rond dont l’odeur tiède avait envahit la pièce, et une bouteille remplie d’une huile d’un vert si tendre qu’il en était presque doré, il avait mis le tout sur la table, “laisse- nous!” avait ordonné Si Ahmed qui avait contemplé la table avec un soupir de satisfaction….”.
L’art du Roman dont il a parlé s’est traduit dans cette mise en scène qui invite le lecteur au voyage et à vivre le moment du récit. Mais à l’époque où beaucoup d’écrivains se dirigent vers l’écriture du roman sur des faits contemporains, Kaddour a choisi de replonger le lecteur dans l’univers des années 20.
“J’ai du mal à écrire des romans sur du contemporain”, a expliqué Kaddour qui dit avoir “besoin du passé pour inventer cette fiction”.