Cela ne date pas d’aujourd’hui, les fausses ordonnances prétendument prescrites par des médecins vétérinaires pour l’acquisition auprès des pharmacies de la kétamine (un anesthésique vétérinaire développé en 1962), ont dangereusement augmenté depuis 2012. Découvrir que les terroristes arrêtés ces derniers jours ou auparavant en ont consommé est presque un secret de polichinelle.
En 2013, déjà, certains pharmaciens surpris par la quantité du médicament ordonné ont alerté les médecins prescripteurs et attiré leur attention sur l’importance des quantités demandées. Il y en a parmi ces derniers qui ont déposé des plaintes auprès du parquet pour faux et usage de faux, et ont avisé le Conseil de l’ordre des médecins vétérinaires sur la gravité du phénomène qui s’est considérablement amplifié. A ce jour, les affaires sont en cours.
Le mélange de la Kétamine avec d’autres drogues peut provoquer un cocktail explosif!
Une boite de Kétamine coûterait près de 80 dinars tunisiens, nombreux sont les pharmaciens qui auraient vendu entre 5 à 10 boîtes à des individus qui leur ont présenté des ordonnances sans avoir exigé au préalable leurs cartes d’identité et sans avoir non plus vérifié l’authenticité des ordonnances.
La Kétamine, la drogue des terroristes…
Résultat, c’est ce produit là que consomment les terroristes avant de partir au «Djihad» pour assassiner sauvagement sans aucune hésitation d’innocentes victimes.
«La Kétamine est un perturbateur du système nerveux central, proche parent de la phencyclidine (PCP). Connue sous les appellations Spécial K, Vitamine K, Ket, Ketty, etc., elle est parfois vendue en comprimés ou en capsules sous le pseudonyme ecstasy. Les formes vendues sur la rue comprennent la poudre blanche (soluble dans l’eau et l’alcool), les comprimés, les capsules, les cristaux et la solution (liquide en fiole). La Kétamine peut être prise par voie orale, injectée, prisée ou fumée. Les doses sont variables et oscillent généralement entre 5 et 500 mg selon la voie employée et les habitudes de consommation de l’usager. La Kétamine est souvent utilisée dans les expériences de dissociation avec le corps et de voyages “aux frontières de la mort“ (near death experience). Elle provoque des effets hallucinogènes plus courts et moins intenses que le PCP. Ses effets durent environ une heure. Elle est souvent associée à des stimulants, afin de reproduire les effets stimulants et hallucinogènes de l’ecstasy. Elle possède aussi des propriétés anesthésiques et analgésiques».
L’appel de l’ordre des pharmaciens…
En médecine vétérinaire, la Kétamine est utilisée aussi bien pour de grands animaux, comme les chevaux, que pour des opérations chirurgicales sur de plus petits animaux, notamment pour anesthésier chiens, chats, lapins, furets, rats.
Le recours par les terroristes à des fausses ordonnances auprès de vétérinaires est justifié par l’importance des quantités prescrites et l’inquiétude de certains pharmaciens. Le Conseil de l’ordre des pharmaciens a appelé sur son site «les confrères officinaux à être vigilants lors de la dispensation de ces deux spécialités: le Chlorure d’éthyle en spray en raison du détournement du cadre d’utilisation prévu par son AMM et la Kétamine injectable à cause de l’existence de fausses ordonnances en circulation».
Où est le ministère de la Santé ?
Ceci étant et au vu de la gravité du phénomène, nous n’avons pas eu droit à une conférence de presse de la part du président du Conseil pour sensibiliser et informer le public et même les médecins quant à la gravité de la situation mais aussi pour rappeler à l’ordre les pharmaciens qui n’exigent pas des pièces d’identité lorsqu’ils délivrent des psychotropes. Le ministère de la Santé serait hors coup et les médecins inscrits aux abonnés absents!
Et pourtant, le phénomène ne date pas d’aujourd’hui, en août 2013, nos confrères du Huffington post prévenaient les autorités quant au développement d’une économie de l’illicite qui n’est pas tenue et gérée par des enfants de chœur ou par des affairistes de type “petites frappes“. «C’est une économie tenue par des organisations mafieuses trans-territoriales dotées de très grands moyens qui mettent rationnellement à contribution des politiques de divers bords, de hauts commis de l’Etat, des responsables syndicaux, des faiseurs d’opinion, des hommes et des femmes de médias et des activistes de tout acabit».
Et le Huffington Post d’ajouter: «Jamais en Tunisie -pas même du temps de “l’âge d’or” de la corruption- notre pays n’a atteint ces niveaux de détérioration de l’économie instituée et organisée au bénéfice d’un nouveau visage de l’activité économique, désormais marqué par la prédominance du parallèle, du marginal et de l’illicite».
Depuis, rien n’a été fait pour non pas en finir avec le règne des nouvelles mafias en Tunisie mais au moins pour ralentir le phénomène. Aujourd’hui les formations terroristes existant dans notre pays usent de tous les moyens pour endoctriner nos jeunes y compris les drogues avec des alliés de taille: les nouvelles mafias qui se sont spécialisées dans les stupéfiants.
Comment sauver la Tunisie de ce fléau ravageur? La réponse est évidente: en appliquant la loi et en frappant fort les idéologues du terrorisme et ceux qui profitent de la manne des drogues et du trafic d’armes. La réalité est autre, les idéologues sont relâchés aussi vite qu’ils ont été arrêtés, les opérations illicites des uns et des autres continuent de plus belle et l’Etat est en voie de disparition.
Amel Belhadj Ali