L’attaque menée lundi contre des districts des forces de l’ordre et une caserne de l’armée à Ben Guerdane « visait à instaurer une wilaya (province) de Daech » a affirmé le chef du gouvernement Habib Essid dans une déclaration télévisée.
« Il s’agit d’une attaque sans précédent, organisée et coordonnée pour, éventuellement, contrôler la région et y annoncer une nouvelle wilaya » a déclaré plus tôt le président Béji Caid Essebsi. « Si jamais les mesures décidées se révèlent insuffisantes, il y a les mesures régies par l’article 80 de la Constitution ».
L’article 80 de la Constitution dispose qu’ « en cas de péril imminent menaçant la sécurité ou l’indépendance du pays et entravant le fonctionnement régulier des pouvoirs publics, le président de la République peut prendre les mesures requises par ces circonstances exceptionnelles après consultation du chef du gouvernement, du président de l’Assemblée des représentants du peuple et information du président de la Cour constitutionnelle. »
« Nous n’en sommes pas encore là », a toutefois assuré Caid Essebsi, qui s’exprimait depuis la salle d’opérations de la caserne de la Garde nationale d’El Aouina où il s’était rendu pour superviser les opérations.
Au moins dix membres des forces de l’ordre ont été tués et 35 assaillants abattus dans une attaque terroriste d’envergure à Ben Guerdane (Médenine), poussant les autorités à décréter un couvre-feu nocturne dans la ville, et à fermer les accès à Ben Guerdane et Djerba, ainsi que les frontières avec la Libye.
Selon un bilan officiel provisoire, cette opération terroriste, une triple attaque commencée à l’aube contre des districts de la Garde et de la sécurité nationale et d’une caserne militaire à Ben Guerdane, a fait une dizaine de blessés parmi les forces de l’ordre et l’Armée et s’est soldée par la mort d’au moins sept civils. Sept assaillants ont été arrêtés.
Des unités des forces de l’ordre et de l’Armée Poursuivaient, lundi soir, le ratissage de la région, selon un communiqué commun des ministères de l’Intérieur et de la Défense nationale.
Les ministres de la Défense nationale Farhat Horchani et de l’Intérieur Hédi Majdoub ont été dépêchés sur place par le chef du gouvernement, pour suivre les développements de la situation et superviser les opérations.
Les affrontements ont repris dans l’après-midi entre forces de sécurité et les assaillants qui se seraient retranchés dans des habitations, a indiqué la correspondante régionale de la TAP. Tous les accès menant à la ville de Ben Guerdane ont été fermés, a constaté la correspondante de la TAP qui fait état d’un échange de tirs nourris.
A Ben Guerdane, les établissements éducatifs et administratifs ainsi que les commerces ont été fermés après cette attaque qui a provoqué un état de panique parmi les habitants, a constaté la correspondante de la TAP.
Cette attaque intervient une semaine après un affrontement entre forces de sécurité et militaires et un groupe armé infiltré de Libye, qui s’était soldée par l’élimination de cinq membres du groupe.
Une personne, blessée par une balle perdue, avait trouvé la mort dans cet affrontement. Préoccupées face à la détérioration de la situation en Libye et une éventuelle intervention étrangère dans ce pays contre des cibles de l’organisation auto-proclamée Etat islamique, les autorités tunisiennes avaient annoncé des mesures exceptionnelles pour la protection des frontières.