Les dettes exigibles envers les ressortissants libyens soignés dans les hôpitaux tunisiens s’élèvent à 190 millions de dinars, un montant remboursable dès qu’il y aura un budget disponible à cet effet, a déclaré le ministre de la santé dans le gouvernement libyen (internationalement reconnu), Ridha Oukli. Dans une interview exclusive accordée à l’Agence TAP, le ministre libyen a tenu à préciser que ce montant demeure “estimatif”.
“Une fois réévalué, les modalités ainsi que les délais de son remboursement seront clairement fixés”, a-t-il dit. “Nous avons signé des conventions avec les cliniques privées tunisiennes, une mesure qui nous permettra de prendre connaissance des frais généraux de soins propres à chaque patient en Tunisie.”, a-t-il ajouté.
Afin de ne plus cumuler les dettes, le gouvernement libyen a signé un accord avec les cliniques privées en vertu duquel les frais de soins seront préalablement payés, a-t-il révélé. Le ministre libyen a tenu à congratuler la Tunisie, gouvernement et peuple, pour le soutien apporté au peuple libyen depuis 2011.
Oukli a, par ailleurs, dressé un tableau sombre de la situation sanitaire en Libye. “La situation est lamentable et catastrophique”, a-t-il regretté, déplorant la raréfaction des ressources financières pour procurer les médicaments ainsi que les équipements médicaux. “Nous sommes en mal de financer le secteur de la santé.
D’importantes sommes d’argent sont bloquées à l’étranger, dont la Tunisie (295 millions de dinars)”, a t-il fait savoir.
Le ministre libyen a plaidé en faveur d’une coopération entre le département tunisien des Affaires étrangères et la banque centrale de Tunisie (BCT) dans l’objectif de rembourser ces dettes par le biais de ces fonds bloqués. “Le gouvernement tunisien ne cesse d’invoquer le motif de formation d’un gouvernement de consensus national pour débloquer les avoirs gelés en Tunisie.
“C’est un argument illogique et dénué de tout fondement”, a-t-il dénoncé. “Un tel agissement est synonyme de complicité au crime perpétré contre le peuple libyen.”, a-t-il martelé, jugeant “immoral et condamnable d’astreindre le sort de milliers de patients libyens à un consensus politique encore introuvable”.
S’agissant de la pénurie des médicaments, le ministre libyen a tenu à souligner que son gouvernement a tenté, jusque là, de combler les besoins fondamentaux, dés lors, qu’un « modique » budget a été consacré au ministère de la santé, ajoutant qu’une enveloppe de 35 millions d’euros a été accordée par l’organisation mondiale de la santé à titre de déposition.
“Cette aide nous a été d’un grand secours, dans la mesure où elle nous a permis de pourvoir à nos besoins en médicaments de base à l’instar du vaccin”, a-t-il assuré.
Oukli a, dans ce contexte, indiqué que cette déposition de garantie est épuisée et que la Libye se heurte, actuellement, à un grave problème de financement, déplorant, à ce propos, “l’immobilisme de la communauté internationale”, qui est pourtant, bien informée de cette situation.
D’autre part, le ministre a fait savoir que le nombre des patients libyens qui se font soigner en Tunisie est estimé, à 1500 personnes, au cours du second semestre de 2015, soulignant, que ce chiffre qui se base sur les contrats signés avec les cliniques tunisiennes, ne concernent que ceux venus par l’intermédiaire du ministère libyen.
“Nous ne disposons pas, néanmoins, de chiffres exacts recensant le nombre des patients libyens qui se font soigner sur leurs propres comptes ou par l’intermédiaire des commissions des blessés de Tripoli”,a-t-il précisé.
Ridha Oukli a, à cette occasion, souligné la prédisposition du gouvernement libyen à soutenir le jumelage entre l’hôpital de Zentan et celui de Tunis et ce dans le but d’améliorer la situation sanitaire en Libye.