Phénomène transfrontalier par excellence, le « Djihadisme » et ses dérivés est, avant tout, une idéologie globale. Il prétend offrir à ses fidèles, un nouveau départ, une nouvelle identité voir un nouveau mode de vie dans l’ultime objectif de combattre un ennemi proche ou lointain, a expliqué le politologue français Gilles Kepel au cours d’une rencontre organisée vendredi soir à Dar Dhiafa à Carthage.
« Le concept n’est pas nouveau. Il a été détourné et réactivé à maintes reprises dans la mesure où cette idéologie, puise ses racines dans le désenchantement provoqué par la première guerre mondiale », a expliqué le politologue dans sa conférence sur « La genèse du Djihadisme contemporain » organisée par l’Institut tunisien des études stratégiques.
Le démantèlement de l’Empire ottoman en Istanbul, l’abolition du Califat, la domination occidentale et la montée en puissance de nouvelles formes de socialisation ont engendré un véritable désarroi dans certains milieux musulmans, a-t-il estimé.
Kepel a justifié ce désarroi par l’invasion de l’Afghanistan par l’Armée rouge, le conflit israélo- palestinien, avant même l’émergence du mouvement Hamas et les incidents survenus dans les années soixante-dix en Iran.
Pour sortir de ce désarroi, sinon de cette crise, plusieurs fidèles et théologiens voient dans l’islam l’unique remède, a-t-il expliqué. Mais le point focal de cette rencontre est surprenant. La France et la Tunisie partagent de tristes records en matière d’exportation de « Djihadsites », la France, étant le principal pays européen en la matière alors que la Tunisie figure en tête de peloton des pays arabes et africains.
Pour Kepel, les attentats survenus à Paris en janvier 2015 et en Tunisie au lendemain de la Révolution ne sont pas le fruit du hasard. C’est bien le résultat d’une évolution de l’histoire contemporaine dans la mesure où le « Djihadisme » a une double dimension sociétal et politique, a-t-il dit.