Tunisie – Syndicat : La tyrannie à l’ombre des lois (Montesquieu)

Par : Autres

hopital-habib-bourguiba-sfax«Ce qui se passe et continue de se passer à l’hôpital de Sfax est trop grave. Ce qui s’est passé au ministère de la santé et l’humiliation et les insultes proférées à l’encontre du Ministre est révoltant», déplore un citoyen qui a peur de dire son nom. M. Jallouli du syndicat de la santé a beau s’excuser sur le plateau de Radio Mosaïque FM, rien ne justifie les actes qu’il a commis au cabinet du ministre de la Santé dans le mépris total des institutions. C’est simple, les syndicats dépassent toutes les lignes rouges, sans aucune réaction ni de ceux qui représentent l’Etat ni des médias dont les réactions restent trop timides.

Ceux qui s’expriment franchement sont taxés de “libéraux fascistes“, de “traitres à la nation“. Tant l’ignorance n’a pas de limite et le dogmatisme non plus. L’UGTT est aujourd’hui carrément assimilée à la patrie, et à ce train-là, nous entendrons peut-être un hymne national propre à la centrale syndicale.

Dans cette atmosphère toxique où la lâcheté se mélange à la fourberie, et où l’allégeance aux syndicats prend le pas sur l’allégeance à la patrie, nous sommes en droit de nous demander si la Tunisie n’est pas en train de basculer définitivement dans le chaos!

Un journaliste de renommée m’a déclaré avec beaucoup d’amertume qu’il ne croit plus que ce gouvernement tiendra longtemps: «Je pense que tout ce qui est en train de se passer en Tunisie a pour ultime objectif de fragiliser l’Etat jusqu’à sa chute finale». Serait-on en train de préparer un scénario B? Nous sommes quand même choqués par le laxisme du gouvernement Essid face à ce qui se passe partout dans le pays et principalement dans le cœur économique de la Tunisie: Sfax. Un gouvernorat où un certain Hédi Ben Jomaa se positionne en tant que force suprême supplantant les institutions aussi bien judiciaires qu’exécutives avec un gouverneur inscrit aux abonnés absents!

said-aidiUn observateur averti de la scène socio-économique s’est dit choqué par «La réaction plus que molle de Saïd Aidi (après les incidents de l’hôpital de Sfax et ceux perpétrés au sein même de son cabinet) ainsi que le silence lâche et coupable du gouvernement, qui nous laissent tous sous le choc et en plein désarroi. Est-ce ainsi qu’on compte rétablir l’autorité de l’Etat? Est-ce ainsi qu’ils veulent nous redonner confiance?

Par ailleurs, le blocage depuis plusieurs jours d’une grande entreprise à Sfax dans l’impunité et l’indifférence les plus totales est un vrai acte de banditisme, de terrorisme… Un jugement et une évacuation des lieux par la Garde nationale. Puis, des syndicalistes qui réoccupent les locaux le jour même, non sans avoir défié au préalable et publiquement les deux autorités (judiciaire et policière).

Une occupation illégale dans le but d’obtenir des indemnités de licenciement ahurissantes pour 11 personnes appartenant à une filiale du groupe gérée depuis deux ans au moins par un mandataire judiciaire nommé par le tribunal! Personne n’arrive à ramener à la raison ces individus, ces hors la loi. Au fait, Ils sont au-dessus des lois! Aucun média ne parle de ces dérives! Aucun politique! Alors que les conséquences de ces actes sont incommensurables».

Cet observateur ne sait pas qu’au sein même du gouvernement Essid, la centrale ouvrière fait peur, personne ne lui résiste, personne ne peut négocier avec elle sauf dans le respect des règles de jeu qu’elle-même met en place. Un ministre aurait même prévenu lors d’un conseil ministériel «évitons toute confrontation avec l’UGTT». C’est dire…

ugtt-janvier-1978Au fait, nous réalisons aujourd’hui que Ben Ali, ce fameux «dictateur», nous renvoie au visage notre propre image, celle de la lâcheté et de la soumission, car lui il est parti et a été vite remplacé par d’autres dictatures: celles des syndicats, des affairistes, des fraudeurs, des opportunistes et des contrebandiers.

«Il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois et avec les couleurs de la justice», disait Montesquieu.

Le départ précipité de Ben Ali nous renvoie à une vérité que nous ne voulons pas reconnaître, toujours par lâcheté: C’est nous qui fabriquons nos dictateurs et qui tuons tout esprit libre! Miskina Tounes.

Taleb Ben Mahmoud