Le ministre de la Défense nationale Farhat Horchani a affirmé, dans une interview accordée à l’Agence TAP, que la Tunisie a bénéficié sur le plan militaire de son statut d’allié majeur non-membre de l’OTAN, accordé par les Etats-Unis d’Amérique.
« La Tunisie a récemment commandé du matériel militaire américain très utile dans la lutte antiterroriste », a révélé le ministre, expliquant qu’il s’agit d’une commande qui n’aurait pas pu être faite sans ce statut particulier.
Interrogé sur les multiples alliances militaires internationales contre le terrorisme, le ministre a affirmé que la Tunisie, qui fait face à des menaces terroristes sur son sol « n’interviendra pas à l’étranger ».
S’expliquant sur la question, Horchani a souligné que les aspects militaire et sécuritaire de la lutte antiterroriste ne suffisent pas à eux seuls à venir à bout du phénomène.
« Le terrorisme ne peut être combattu que par un projet culturel, incluant les dimensions éducative, sociétale et économique. » « On doit se demander pourquoi nos jeunes rejoignent les zones de conflit », a dit Horchani, estimant qu’il faut donner à la jeunesse une autre espérance.
La communauté internationale, a ajouté Horchani, doit aussi se demander pourquoi elle n’est pas venue à bout de ce phénomène, en dépit des sommes astronomiques dépensées sur les aspects militaire et sécuritaire. Sans solutions justes aux causes justes dans le monde, le terrorisme trouvera toujours de quoi se nourrir, a-t-il soutenu.
Le ministre a par ailleurs indiqué que tout en nouant des accords de coopération militaire avec plusieurs pays, dont l’Algérie, les Etats-Unis et l’Allemagne, la Tunisie compte en premier lieu sur ses propres ressources pour acquérir des équipements militaires.
« Il s’agit d’une question de souveraineté ». En matière de coopération, il a révélé que le projet de mise en place d’une surveillance électronique de la barrière de sable à la frontière tuniso-libyenne passera bientôt à la phase d’exécution, dans le cadre d’un projet de coopération avec les Etats-Unis et l’Allemagne.
L’accord tuniso-allemand prévoit la formation de militaires tunisiens à l’utilisation et à la maintenance de ce système. Sur le plan intérieur, le ministre a affirmé que la décision de son département d’augmenter le nombre de recrutements dans l’armée s’inscrit dans l’effort national de lutte contre le chômage.
« L’armée est une composante de l’Etat, et à ce titre elle a un rôle à jouer en matière de développement », a dit Horchani, espérant qu’une telle mesure contribuera également à rapprocher les jeunes de l’institution militaire.
La publication prochaine d’un livre blanc sur les forces armées souligne la volonte de l’institution militaire de s’adapter à la nouvelle situation démocratique dans le pays, a indiqué Horchani.
« Il s’agit d’une tradition observée dans tous les pays démocratiques », a relevé le ministre, se disant favorable au principe du contrôle démocratique des forces armées. « La rédaction de ce livre blanc doit permettre un débat sociétal sur un certain nombre de questions en lien avec l’armée », a-t-il dit.
« Nous devons notamment nous demander comment allier le principe d’une armée de conscription à l’impératif d’une armée bien formée pour faire face à des menaces non conventionnelles », a-t-il lancé.
Il s’agit aussi de réfléchir au rôle de l’armée dans les situations d’urgence, à la lumière de la nouvelle Constitution.