Quatre-vingt seize photographies qui racontent l’histoire de l’actuelle et ancienne ville de Monastir ont été présentées, samedi, au Club Tahar Haddad, à l’occasion de la cinquième série de conférences mensuelles intitulée «Yeux de la mémoire» autour du patrimoine et photographies des villes tunisiennes.
A travers ces photos, l’universitaire et chercheur dans le patrimoine, Imed Ben Saleh, a parlé des composantes de la vieille Médina de Monastir avec ses monuments et sites historiques ainsi que les différents aspects de l’activité économique et sociale de cette prestigieuse ville du Sahel tunisien.
Il a aussi évoqué le développement démographique qui a abouti au changement du paysage de la ville. Certaines photographies appartiennent à des noms mondialement connus tels que Francis Albert, les frères Lévy et Ethienne Neurdein.
Parmi les pionniers de la photographie en Tunisie, Ben Saleh a cité Abdelhak el-Ouertani, Albert Samama-Chikli et Abdelhamid Kahia (photographe du président tunisien disparu Habib Bourguiba).
Ces photographes ont immortalisé certains aspects de la vie quotidienne dans la ville tels que les souks, les cafés et les écoles coraniques, ainsi que des scènes de rues où la femme est complètement absente.
Exception faite d’une photographie intitulée «la mer des femmes» datant de 1910, qui montre des femmes en train de laver la laine à la falaise, un lieu réservé uniquement aux femmes.
La ville moderne de Monastir est visible dans des photographies prises à partir de 1920, et après la première guerre mondiale.
Y figurent des bâtiments administratifs tels que le siège de la municipalité avec son cachet architectural arabo-mauresque, les écoles de garçons et les commerces installés à la place des anciens locaux d’artisans.
L’absence d’église à Monastir revient au fait qu’il n’y avait pas de colonies françaises installées dans la région, ce qui explique aussi l’absence de chemin de fer dans la ville marginalisée à l’époque.
Le véritable changement dans la ville s’était produit après l’indépendance, période au cours de laquelle Monastir a connu un boom démographique ce qui a eu des répercussions négatives sur le patrimoine et les sites historiques de la ville, estiment certains intervenants.