L’unité de la gauche et la formation d’un grand parti de gauche a été discutée dans le cadre du Forum Chokri Belaid organisé samedi à Tunis en marge de la commémoration du troisième anniversaire de la mort du martyr Belaid, tué par balles le 6 février 2013 au pied de son immeuble.
L’idée de créer ce parti avait été lancée par Chokri Belaid pour éviter le morcellement de la gauche. Elle est en continuité avec l’expérience du Front populaire (une coalition de partis nationalistes et de gauche), qui, de l’avis de ses militants et d’analystes, commence à montrer ses limites bien qu’elle soit un exemple d’organisation politique avancé dans l’histoire de la gauche tunisienne.
Le FP a pu se classer troisième force politique dans le pays. De l’avis d’un grand nombre d’adhérents à cette coalition, dépasser cette expérience est une gageure dont les résultats sont inconnus à l’heure actuelle.
Les participants à cette rencontre parmi les personnalités politiques et des intellectuels de gauche étaient partagés entre ceux qui appellent à dépasser cette expérience sur la base d’un programme socio-économique concret et ceux qui veulent préserver « cet acquis » et mettent en garde contre le fait de laisser place de nouveau à un morcellement du paysage politique.
Pour le sociologue et militant de gauche, Tahar Chagrouch, l’idée principale de la rencontre « L’unité de la gauche, une mission à accomplir » suppose que cette unité soit un appui pour le Front populaire, une expérience ayant permis à l’opposition socialiste et communiste d’accéder au parlement et d’intervenir dans les affaires de l’Etat.
Une expérience qui est venue concrétiser un rêve longtemps convoité par toute une génération de la gauche, s’est-il félicité. Zied Lakdhar, secrétaire général du Parti des patriotes démocrates unifié (Ppdu) souligne, quant à lui, la nécessité pour la gauche de renforcer la confiance en engageant un échange d’idées et un dialogue plus approfondi avant de préconiser la forme et le programme du « grand parti ».
D’après Mustapha Jouili, président de la conférence, la création de ce parti doit couronner un processus de débat intellectuel et politique pour atteindre un stade supérieur en rapport avec le processus révolutionnaire tunisien.
La discussion amorcée en marge de la commémoration du troisième anniversaire de la mort de Chokri Belaid ouvre la voie à une série de rencontres pour donner la parole à tous ceux qui ont rêvé de l’unité de la gauche, a-t-il indiqué. Le député du FP, Jilani Hammami estime, pour sa part, que l’idée d’un grand parti de gauche paraît légitime pour tous les militants de gauche. Il est temps, selon lui, de creuser cette idée et de se concerter autour de cette question sous une direction centrale qui dispose de moyens de travail et opte pour une démarche rationnelle.
Certains participants ont critiqué la situation actuelle des partis de gauche dont le Front populaire qui est confronté, selon eux, à un problème de « monopolisation de la direction » par le conseil des secrétaires.
Pour les intervenants à la conférence, il est impératif d’être pragmatiques et d’éviter les concepts idéologiques défendus par la gauche depuis des décennies. Il s’agit pour eux d’œuvrer à la création d’un parti sur la base d’un programme socio-économique tenant compte de la réalité et évitant l’idéologique.