La commémoration du 3e anniversaire de la mort du martyr Chokri Belaid, tué par balles le 6 février 2013, a eu lieu, samedi, à El Menzah VI, sur les lieux de l’assassinat, en présence de la famille du défunt, du Parti des patriotes démocrates unifié (Ppdu) et du Front populaire.
Une gerbe de fleurs a été déposée au pied du mémorial érigé en l’honneur du martyr. Des hommes politiques, des syndicalistes et des représentants de la société civile ont pris part à ce rassemblement pour réclamer la révélation de la vérité sur ce lâche assassinat politique.
Le porte-parole du Front populaire, Hamma Hammami, a estimé que des raisons politiques sont derrière la non révélation de la vérité sur cet assassinat, trois ans après, déplorant l’absence de toute volonté politique de dévoiler la vérité, notamment à la lumière de l’alliance entre Ennahdha et Nidaa Tounes.
Pour lui, cette alliance n’œuvre pas en faveur de la révélation de la vérité sur cette affaire, eu égard à l’implication politique et morale du mouvement Ennahdha dans le terrorisme, d’une part, et au fait que Nidaa Tounes n’a pas respecté ses promesses électorales, d’autre part.
Selon le collectif de défense, a-t-il dit, il y aurait de sérieuses tentatives de cacher plusieurs vérités sur cette affaire, à travers la manipulation de la décision de la chambre d’accusation et de la Cour de cassation, appelant à approfondir l’enquête sur cet assassinat pour parvenir à la vérité sur la disparition de certaines analyses.
Il a, dans ce contexte, appelé toutes les forces vives à poursuivre la lutte pour révéler la vérité et assurer de bases solides permettant de lutter contre le terrorisme, relevant que le Front populaire continue de croire qu’il est encore tôt d’internationaliser l’affaire, vu que des parties judiciaires oeuvrent sérieusement pour révéler la vérité.
Pour sa part, le Secrétaire général du Ppdu, Zied Lakhdhar, a souligné que l’assassinat de Chokri Belaid au matin du 6 février est une date cruciale dans l’histoire de la Tunisie.
C’était les prémisses de la montée de la violence à travers la liquidation de l’adversaire politique et le bâillonnement de la parole qui contestait les choix du gouvernement, dirigé alors par Ennahdha.
Il a estimé que les commanditaires de l’assassinat de Chokri Belaid voulaient « légitimer la liquidation physique de l’opposant et le détournement du processus de transition démocratique et de la révolution, relevant que l’affaire n’a pas suffisamment avancé pour permettre d’identifier réellement les assassins.
De son côté, Mbarka Brahmi, députée du FP et veuve du martyr Mohamed Brahmi, assassiné le 25 juillet 2013, a affirmé que les commanditaires des assassinats de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi sont ceux là mêmes qui dissimulent, aujourd’hui, la vérité.
Elle a affirmé l’existence de réelles intentions de masquer la vérité face à l’implication de certaines parties aujourd’hui au pouvoir et au non-respect des promesses électorales.
Nizar Senoussi, du collectif de défense du martyr Chokri Belaid, a indiqué que le fait de répartir les dossiers du terrorisme sur plusieurs juges d’instruction et le refus du ministère public de faire appel de la décision du juge d’instruction sont là autant d’obstacles qui entravent le cours de cette affaire.
Selon lui, l’internationalisation de l’affaire est, aujourd’hui, possible face à l’incapacité de l’Etat à jouer son rôle comme il se doit.
De son côté, le dirigeant d’Al-Joumhouri, Issam Chebbi, a insisté sur la nécessité de continuer l’action pour la révélation de la vérité et la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme en vue de jeter les bases d’un Etat libre.
Le secrétaire général adjoint de l’Union générale tunisienne du Travail, Samir Cheffi, a estimé que le dossier des assassinats politiques n’a pas avancé d’une manière qui puisse satisfaire l’opinion publique.
Il a souligné la détermination de l’organisation syndicale et la société civile à suivre de près ce dossier pour révéler la vérité et dévoiler l’identité des commanditaires de l’assassinat.