L’écrivain et intellectuel tunisien Bechir Ben Slama, ancien ministre de la culture sous le régime de Bourguiba, a réitéré son appel aux décideurs pour la création de l’Agence de promotion des investissements culturels (APIC) ayant pour mission de créer un cadre juridique qui encourage le secteur privé à investir dans les industries culturelles.
Dans un entretien accordé à l’agence TAP, l’homme de culture a appelé à la création d’une “instance indépendante des droits et des valeurs culturelles” en vue de l’introduire dans la nouvelle constitution afin de mettre en place les mécanismes susceptibles d’assurer le suivi du respect de l’Etat des valeurs et droits culturels reconnus à l’échelle internationale.
Parlant des cette instance et d’autres propositions formulées dans son projet réformateur culturel qu’il a préparé depuis 2014 et qu’il a voulu faire connaître auprès des décideurs selon ses propos, il a insisté sur la nécessité d’activer la loi relative à l’attaché culturel dans les représentations diplomatiques tunisiennes à l’étranger, une loi qui a été gelée sous le régime de Ben Ali.
Il a, dans ce sens, mis l’accent sur l’importance des centres culturels à l’étranger afin de contribuer en cette conjoncture délicate, au rayonnement de la culture tunisienne à l’étranger à travers également la création des centres culturels en dehors des frontières.
Dans ce contexte, il a désapprouvé les positions des gouvernements qui se sont succédé depuis la révolution dès lors qu’ils “n’ont pas accordé l’intérêt nécessaire à la question culturelle en la considérant comme étant un luxe et non pas une priorité face aux problèmes politiques, économiques et sociaux à résoudre en premier lieu” selon ses propos.
En cette conjoncture délicate de l’histoire de la Tunisie, a-t-il ajouté, “il est désormais urgent d’éviter l’illétrisme culturel en plaçant la vision culturelle au coeur de tout développement intégré pour servir de levier aux programmes socio-économiques”. Par conséquent, a-t-il précisé, il est inconcevable aujourd’hui d’imaginer un programme politique à dimensions intégrées économiquement et socialement s’il ne s’adossait pas à une référence culturelle dont les repères et la vision sont clairs.
Il est à rappeler que son mandat en tant que ministre de la culture entre 1981 et 1986, a été marqué par la fondation de l’académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts Beit Al-Hikma, du théâtre national tunisien et de l’Institut supérieur d’animation culturelle et de la jeunesse.
Né en 1931, Bechir Ben Slama, rédacteur en chef de la revue “El Fikr” pendant 31 ans, est auteur de plusieurs ouvrages dont “La personnalité tunisienne, Fondements et spécificités” (1974), “La politique culturelle en Tunisie” (1985) et “La langue arabe et les problèmes d’écriture” (1985) ainsi que plusieurs romans dont “Aicha” (1986) et un récit autobiographique “Abira Hia Al Ayem” (Ces journées si passagères) publié en 2013.