Les protestations qui ont pris naissance à Kasserine font tâche d’huile dans d’autres régions.
Des sièges de souveraineté sont pris d’assaut par des manifestants. La rue gronde et cela se passe au mois de janvier, mois de tous les dangers. On a beau dire en haut lieu que les protestations pacifiques sont légitimes même si elles sont excessives, cela n’a pas l’air de désamorcer la crise.
Le nouveau porte parole du gouvernement a beau dire que le gouvernement n’a pas de «baguette magique» pour régler tout et tout de suite, cela ne semble pas avoir d’effet sur les manifestants bien au contraire.
Promettre 6400 emplois pour les sans-emplois, c’est bien mais cela a l’air d’être des décisions trop tardives avec cette question lancinante de telles promesses seront-elles tenues et dans combien de temps, puis quid des autres régions ?
Devrait-on leur promettre la même chose. On nous explique que la visite de Habib Essid à Davos était indispensable puisqu’il était allé plaider pour obtenir de quoi financer le plan 2016-2020, mais cela on l’a entendu avant les visites du chef de l’Etat à Washington et à Paris et sa participation au G7 en Allemagne mais on ne voit rien venir.
C’est que la crise est partout, le chômage est devenu la chose la mieux partagée. Tous les états connaissent des déficits abyssaux et nul n’est en mesure de dégager des dizaines de milliards de dollars à mettre à la disposition de la Tunisie.
Même les pays pétroliers sont en proie à une crise sans précédent avec un prix du baril moindre que le coût d’extraction de ce même baril, c’est dire ! Alors pour prendre le problème du développement à bras-le-corps, il ne faut compter que sur ses propres ressources qui sont bien minces. C’est la quadrature du cercle. Il faut tenir le langage de la vérité et ne pas faire de promesses qui ne vaudront que pour ceux qui veulent bien y croire.
Des états généraux du développement doivent se tenir dans toutes les régions pour voir les potentialités et les moyens à mettre en œuvre dans la plus totale transparence. Sans cette obligation de vérité, de responsabilité et de transparence, on va vers le mur.
Gare en plus aux incitateurs et excitateurs à la violence, qui s’infiltrent parmi les protestataires pacifiques et qui cherchent à mener le pays vers le chaos et l’anarchie. Nous sommes dans une zone de turbulence sérieuse. Il n’est pas sain de laisser les choses pourrir. Ce serait irresponsable de croire qu’il s’agit d’un accès de fièvre passager. Il faut agir et vite pour que les choses ne prennent pas une tournure qu’on ne pourra plus maitriser.
Raouf Ben Rejeb