Un colloque intitulé “Tahar Haddad, sa pensée et son temps, entre histoire et mémoire”, a été ouvert jeudi, à la Bibliothèque Nationale de Tunisie (BNT) en présence d’éminentes personnalités littéraires et académiques tunisiennes.
Se poursuivant les 21 et 22 janvier, ce colloque s’inscrit dans le cadre de la commémoration du 80ème anniversaire du décès du réformateur et syndicaliste tunisien Tahar Haddad.
Evoquant certaines idées fondamentales de Tahar Haddad, Raja Ben Slama, directrice de la BNT, a relevé que “la réforme de l’enseignement constituait pour Haddad une question de vie ou de mort”, comme l’attestent certains de ses ouvrages. Haddad, a-t-elle ajouté, “était un réformateur aux multiples réflexions, en avance de deux siècles sur son époque”, comme disait le penseur égyptien disparu Tahar Hassine.
Dans cette même logique, l’universitaire Chokri Mabkhout a souligné que “Tahar Haddad qui portait un projet réformateur complet, est un véritable visionnaire en évoquant dans ses écrits des sujets d’actualité et qui ne sont pas résolus jusqu’à nos jours” citant à titre d’exemple la question d’héritage entre homme et femme et la réforme de l’enseignement.
Dans son intervention “Tahar Haddad et l’institution religieuse”, Noureddine Doggi s’est intéressé à la polémique suscitée dans les années trente à la suite de la publication du livre “Notre femme dans la Chariaa et la société”.
En effet, a-t-il rappelé, la publication de cet ouvrage avait constitué un “choc” dans le milieu Zeitounien qui contestait l’appel de Haddad à une lecture moderniste du texte religieux qui prend en considération les évolutions de l’époque. Et d’ajouter, “l’appel de Haddad à l’éducation de la femme, l’interdiction de la polygamie ainsi qu’à la réforme de l’enseignement, sont des sujets qui ont provoqué ses contemporains en l’accusant même de mécréance”.
Dans son intervention intitulée “L’histoire dans les écrits de Tahar Haddad”, Adel Youssef a constaté que “la pensée historique de Haddad se distinguait par son ouverture sur l’histoire du Maghreb arabe, du Monde islamique, de l’Afrique sub-saharienne, de l’Europe et de la Turquie”.
En effet, a-t-il conclu, le fait que Haddad soit un grand passionné de lecture en fréquentant la bibliothèque khaldounienne, l’association des anciens de l’école Sadiki et le groupe “Taht Essour”, l’avait beaucoup aidé à avoir une grande connaissance de l’histoire arabo- musulmane.