«Bis» de Sonia Zarg Ayouna, cap sur la souffrance des Tunisiens post-révolution

Un silence effrayant et un calme suspect règnent sur des lieux d’une immobilité presque totale. Quatre personnages dans un jardin, par une nuit d’hiver.

Voilà pour le décor de “Bis”, la nouvelle pièce de théâtre mise en scène par Sonia Zarg Ayouna et produite par la troupe du Jeune théâtre national relevant du Théâtre national tunisien (TNT).

La première représentation de ce spectacle de soixante- dix (70) minutes, a été donnée, vendredi soir, à l’espace du 4ème Art à Tunis.

Abderrahim Bahrini, Bassem Aloui, Tomadher Zrelli et Wissal Labidi, ont interprété un texte adapté d’après une idée de la Britannique Sarah Kane. L’œuvre relève du théâtre de l’absurde, un genre qui connut ses années de gloire au milieu du vingtième siècle, avec, notamment, des auteurs comme Samuel Beckett et son “En attendant Godot” (1952) et Eugène Ionesco.

Si les éléments du temps (l’hiver) et l’espace (le jardin) dramatiques étaient bien présents, la pièce se contente d’une narration a minima. Selon l’homme de théâtre Hamadi Mezzi, l’œuvre présente une série d’idées d’une manière absurde, qui dépasse l’entendement et sort de l’ordinaire.

Dans une quête de sens et de liberté, les personnages de la pièce aspirent à maîtriser leurs destinées, mais sont vite confrontés à l’amère réalité de l’absurdité de l’existence.

Une absurdité qui est aussi soulignée par le thème de l’absence de communication entre les hommes. Dans un dialogue qui dénigre les valeurs de l’amour et de l’entraide, les personnages tournent en dérision les relations sociales et familiales. Mais on sent que ce déni cache une souffrance qui loge au fond de chacun d’eux.

L’œuvre se veut une métaphore des sentiments mitigés des Tunisiens au lendemain des violences et des assassinats politiques ayant accompagné, depuis 2011, le processus de transition démocratique dans le pays.

Pour Hamadi Mezzi, la pièce se disingue par une «lenteur dans l’interprétation. Le dialogue entre personnages s’avère un discours émietté et absurde».

Le mouvement des personnages revêt une symbolique spirituelle rythmée par les sensations intérieures de chacun. Une écriture théâtrale qui, selon l’homme de théâtre Ramzi Aziz, allie le quasi-réalisme à l’absurde.

Cette nouvelle production du TNT et du Jeune théâtre national est interprétée devant le public tunisien dans un premier cycle les 15, 16 et 17 janvier, avant de reprendre les 29, 30 et 31 du mois dans le même espace du quatrième art.