« Je veux mon père… j’aime papa…, mon père me manque … » des phrases tuantes, qu’Amani a répétées plusieurs fois.
Amani, une fillette de 7 ans, est allongée sur un lit dans l’un des hôpitaux de Tunis, soignée pour des plaies causées par un accident de la circulation ayant entraîné le décès de son père, l’une des 16 personnes ayant perdu la vie au début du nouvel an.
La situation d’Amani est semblable à celle de plusieurs autres familles restées dans la tourmente et la douleur de la séparation de l’un de leurs proches emporté par une mort subite sur l’une des routes du pays.
C’est ainsi que 27 accidents de la route ont été enregistrés au début de l’année 2016 en Tunisie, causant la mort de 16 personnes qui composaient des petites familles et d’autres plus élargies dans leurs établissements de travail ou parmi leurs compagnons de route.
Les accidents de la route sont un phénomène qui touche plusieurs familles, laissant régner la tristesse dans beaucoup de foyers. Ils constituent également une lourde charge pour l’Etat qui se doit de gérer les affaires de plusieurs personnes devenues incapables de subvenir à leurs besoins au quotidien.
Le cri de la mort…. Et l’effroi des chiffres
La situation nécessite d’observer une minute de silence…. En effet, les chiffres de l’observatoire national de la circulation révèlent que 27 accidents de la route ont été enregistrés au cours des trois premières journées de l’année 2016, entraînant la disparition de 16 personnes et causant des blessures à 57 autres.
Le nombre de décès suite aux accidents de la route au cours des premiers jours du mois de janvier 2016 a augmenté en comparaison avec la même période de 2015 (7 morts), selon le colonel Hichem Khamari président du bureau de la coordination et de la communication à l’observatoire national de la circulation.
Contemplant un tas de feuilles reflétant l’importance des données recueillies sur les accidents de la route en Tunisie et la place qu’occupe ce phénomène, même sur les étagères, Khammari a évoqué une baisse du nombre d’accidents au début de l’année 2016, mais une hausse de celui des morts. Cet indice reste très dangereux sans oublier les blessés dont le nombre a atteint 57, a affirmé le responsable.
D’après lui, l’accident survenu au niveau de la région de Bir Ali Ben Khlifa et ayant causé 5 morts, est l’une des pires catastrophes qui a secoué plusieurs familles, entraînant des pertes matérielles et humaines. Selon Khammari, le facteur humain est la cause de plus de 98% des accidents alors que 2% seulement sont provoqués par les moyens de transport.
La plupart des accidents sont donc expliqués par les comportements humains, en l’occurence des personnes qui conduisent à une vitesse excessive et ne respectent pas les règlements, a-t-il avancé. Et d’ajouter que les accidents enregistrés en 2015 (7225) ont causé la mort de 1407 personnes, outre 10882 blessés. Malgré une régression par rapport à 2014, ces chiffres restent toujours “effrayants”, a-t-il déclaré.
Sur un ton optimiste, Khammari a estimé que la Tunisie peut réduire ce nombre important d’accidents de la route surtout que la veille du jour de l’an presqu’aucun accident n’a été enregistré en dépit du fort trafic constaté. L’observatoire était donc peu animé au contraire des routes très encombrées, outre la panique qui règne dans les couloirs des hôpitaux à la survenue de chaque accident, alors que les responsables s’activent silencieusement à élaborer une stratégie nationale de la sécurité routière afin de réduire cette hécatombe.
Prochain lancement d’une stratégie de la sécurité routière
Khammari a indiqué que l’observatoire est entrain de parachever la dernière phase d’ouverture des offres relatives à la mise en place d’une stratégie nationale de la sécurité routière afin d’améliorer celle-ci, au cours des prochaines années.
Financée par la banque africaine de développement (BAD)à hauteur de 2,5 millions de dinars, cette stratégie permettra de fixer un cadre de travail et des plans annuels de la sécurité routière en Tunisie.
Cette stratégie devrait être prête dans les 12 prochains mois, afin d’aider l’observatoire à actualiser sa base de données et déterminer ses plans de communication sur les moyen et long termes, avec pour ultime objectif la réduction du nombre d’accidents.
Parlant des financements consacrés à la communication, Khammari a souligné qu’elles suffisent aux différentes opérations de sensibilisation que l’observatoire mène, outre les interventions saisonnières à l’instar des vacances sûres.
Plusieurs associations actives dans le domaine de la sécurité routière, dont la Nationale de la sécurité routière et l’Association tunisienne de prévention des accidents de la route, contribuent à la sensibilisation aux dangers des routes.
En dépit d’un coût direct des accidents de la route (sans compter les dégâts matériels) s’élevant à près de 560 millions de dinars (MD), les vies humaines de cette nation demeurent les plus importantes, selon Khammari.
Malgré le nombre élevé des accidents de la route en Tunisie, au plan international plus de 3 mille personnes décèdent mensuellement et 50 millions de blessés sont enregistrés annuellement dans le cadre d’un phénomène qui sera classé 4ème cause des décès dans le monde.
Si aucune réponse ne peut être donnée à des questions s’inscrivant dans le registre des espoirs, plusieurs personnes peuvent cependant être plus rationnelles sur les routes, réduire la vitesse et s’en tenir aux règlements.