La Tunisie perd son ancien représentant de la FAO en Afrique, Abdelmajid Gara

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Selon Leaders Tunisie, Abdelmajid Gara, l’un des pionniers de l’enseignement agricole en Tunisie et des premiers représentants résidents en Afrique de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), vient de nous quitter, à l’âge de 90 ans. Sadikien, agrégé de mathématiques (Paris, 1950) et ingénieur agronome spécialisé en génie rural, ce natif de Ras Jebel (le 6 novembre 1925), avait commencé sa carrière à Bizerte, en tant que professeur avant de rejoindre dès l’indépendance, le ministère de l’Agriculture en 1956. Il sera nommé chef de Service du Génie rural. Deux ans après, il sera chargé en 1958 de l’Enseignement agricole, créant tout un réseau de centres de formation, de collèges moyens et d’établissements spécialisés.

Ces institutions seront le terreau des générations montantes d’agents vulgarisateurs, adjoints techniques et autres cadres du ministère. Nombre d’entre eux, ayant brillé dans leurs études, iront poursuivre leur cursus d’ingénieurs et même de PhD. Aux Etats-Unis, notamment.

Son parcours embrassera également, jusqu’en 1970, la supervision des services de Génie rural, alors que la Tunisie entamait la construction de barrages, lacs collinaires, pistes agricoles et réhabilitation de fermes agricoles jadis tenues par des Colons français.

Ses compétences et mérites attireront l’attention du directeur général de la FAO à l’époque, le Néerlandais Addeke Hendrik Boerma, qui le désignera en 1970, en tant que Représentant Résident en Afrique.

Son successeur le Libanais Edouard Saouma, en fera l’une de ses pièces maîtresses. C’est ainsi qu’il sera affecté en Algérie, au Niger, en Haute-Volta (actuel Burkina Faso), au Cameroun et au Burundi.

Les chefs d’Etat et ministres de l’Agriculture se l’arrachaient. Il était capable en effet de diagnostiquer les situations, d’élaborer les projets appropriés, mais aussi de mobiliser les ressources financières et de veiller à la réalisation… dans les délais. Les spécialistes de l’Afrique apprécient le poids de la tâche.

Pour l’avoir connu à l’œuvre à la tête de l’Enseignement agricole, dans ses bureaux, rue de Hollande, près de la Gare de Tunis, puis sur le terrain en Afrique, l’auteur de ces lignes peut témoigner d’un intense engagement de travail et large vision. L’agrégé de Maths doublé d’ingénieur agronome combinait rationalité et pragmatisme, en plus d’un dévouement total aux agriculteurs.

Au Burundi, en 1987, il était si proche des cultivateurs, mais aussi des autorités locales, qu’il avait pu jeter la base d’une agriculture moderne et intensive sur un si étroit territoire (moins de 29.000 km2). Le soir, dans sa modeste maison de fonction qui surplombait le lac d’où rentraient les crocodiles, il continuait à potasser ses dossiers et préparer ses visites du lendemain matin. Partout où il a servi, il a laissé un souvenir indélébile.

Curieusement, le ministère de l’Agriculture ne lui a rendu aucun hommage, ni à la fin de sa mission et retour en Tunisie, ni tout récemment après son décès. Son nom mérite d’être porté sur le fronton d’un grand établissement d’enseignement agricole de Tunisie.