Sepp Blatter et Michel Platini ont été suspendus lundi pour huit ans de toute activité liée au football par la commission d’éthique de la Fifa, rapporte l’agence Reuters.
La décision est passible d’appel mais éloigne encore plus la perspective d’une candidature de Platini à l’élection à la présidence de la Fifa, qui aura lieu le 26 février prochain.
Le président démissionnaire de l’instance mondiale du football et le président de l’UEFA, la confédération européenne, sont sanctionnés dans le cadre du versement en février 2011 à Michel Platini de deux millions de francs suisses (environ 1,8 million d’euros) pour une mission effectuée pour la Fifa entre 1998 et 2002.
Tous deux démentent toute malversation. Ils ont la possibilité de saisir la commission de recours de la Fifa ou le Tribunal arbitral du sport (TAS), basé à Lausanne. Leur suspension est assortie d’une amende, de 80.000 francs suisses CHF pour Platini (soit 74.000 euros environ), de 50.000 CHF pour Blatter (soit 46.000 euros), ajoute l’agence.
La justice suisse, qui a annoncé fin septembre l’ouverture d’une procédure pénale, soupçonne un “paiement déloyal au préjudice de la Fifa” pour des travaux “prétendument” effectués par Platini entre janvier 1999 et juin 2002. Ce paiement a été exécuté en février 2011.
Début octobre, Sepp Blatter, 79 ans, et Michel Platini, 60 ans, avaient été suspendus à titre provisoire pour une durée de 90 jours. Dans un communiqué diffusé dans la matinée, la chambre de la commission d’éthique présidée par Hans-Joachim Eckert souligne que “M. Blatter, en sa capacité de président de la Fifa, a autorisé le versement à M. Platini d’un paiement qui n’avait aucune base légale dans l’accord écrit signé le 25 août 1999 par les deux dirigeants”.
“Ni dans sa déclaration écrite ni lors de son audition, M. Blatter n’a été en mesure de démontrer une autre base légale pour ce paiement”, poursuit la commission d’éthique. Les arguments exposés par le président de la Fifa n’ont pas été jugés “convaincants” et ont par conséquent été rejetés.
Concernant le Français, la chambre de la commission note qu’elle n’a pas trouvé dans le dossier présenté par Platini la preuve convaincante d’un “accord oral”. “M. Platini a omis d’agir avec une crédibilité et une intégrité totales, faisant preuve d’une méconnaissance de l’importance de ses tâches et de ses obligations et responsabilités concomitantes”.
Le Suisse Sepp Blatter, poussé à la démission par le scandale de corruption au sein de la Fifa qui a éclaté au printemps, était venu plaider son innocence jeudi devant la commission.
Platini, qui faisait jusqu’à peu figure de favori dans la course à la succession du Suisse, a refusé pour sa part de venir se défendre vendredi devant la commission d’éthique et a dénoncé une procédure jugée d’avance. “Je suis déjà jugé, je suis déjà condamné”, a fait savoir l’ancien meneur de jeu de l’équipe de France par le truchement de ses avocats.
La commission d’éthique n’a pas retenu les charges de corruption mais estime que le paiement de 2011 contrevient à d’autres sections du code d’éthique de la fédération internationale de football. Les deux hommes sont notamment déclarés coupables de conflits d’intérêt et d’abus de pouvoir.