“Le projet Kairouan” : Zoom et regards croisés sur une ville de longue histoire

Sur les murs du Palais Abdellia se dessine le visage d’une ville, celui de Kairouan avec son cachet architectural, ses petites ruelles, ses habitants, ses coutumes et son rythme lent dans une exposition photographique inédite intitulée “Le projet Kairouan”, dont le vernissage a eu lieu, samedi, à l’enceinte de ce palais beylical, à la Marsa.

Après avoir été présentée à Kairouan au mois de novembre dernier, l’exposition, en escale à Palais Ebdellia jusqu’au 31 décembre 2015, rentre dans le cadre de la deuxième Résidence Euromaghrébine de photographes à Kairouan après une première organisée, en 2013, sous l’appellation “Le Projet Sfax”.

Ce projet organisé et financé par la Délégation de l’Union Européenne et placé sous le commissariat de l’artiste-peintre Leila Souissi, permet aux artistes photographes de découvrir, partager et posent un regard croisé sur cette importante cité arabo-musulmane.

Au bout d’un séjour d’une semaine à Kairouan, la résidence artistique a permis à vingt-sept photographes européens et maghrébins de renommée, en plus d’un vidéaste, de découvrir, photographier et tisser des liens d’amitié et de partage sur un même lieu.

Lors de son séjour à Kairouan, l’Autrichien Mauritz Neumuller a pris des photos de la mosquée Okba, avec un appareil spécial en 3 D, destinées aux malvoyants de l’association des Aveugles de Kairouan afin de leur permettre de toucher de leurs mains l’architecture du lieu.

Il a imprimé, ensuite, les photos en silicone ce qui leur donne cette rugosité de la pierre, la douceur des carreaux en marbre et les même les couleurs originales, note la commissaire d’exposition sur le catalogue de l’exposition.

Fidèle à son style de photographie en noir et blanc, le Tunisien Wassim Ghozlani immortalise des moments de la vie de tous les jours de gens ordinaires dans différents endroits au cœur de la ville de Kairouan.

Dans le même style en noir et blanc, l’œuvre de l’Algérien Youcef Krache intrigue par cette photo d’un homme debout devant une porte d’une habitation délabrée avec au fond un chat qui regarde par la fenêtre.

En couleurs ou en noir et blanc, les photographies de Laura Andalou Kant (Pays-Bas), Ibrahim Benohoud (Maroc), Ellie Tsatsou (Royaume-Uni), Tomasz Tomaszewski (Pologne) et José Manuel Navia (Espagne) et bien d’autres, interpellent l’imagination de celui qui les observent pour l’emmener vers Kairouan dans sa dimension historique, humaine et artistique la plus large.

En pénétrant dans les différentes pièces du palais Ebdellia, la rencontre d’artistes issus de cultures et environnements différents a pu créer une homogénéité merveilleuse entre les scènes photographiées et l’esprit de chacun d’eux.

La disposition des photographies et le reflet des lumières qui se projettent sur les portraits de ces femmes, vieillards, jeunes, enfants qui se côtoient avec celles d’animaux et d’objets, plonge le regard dans un monde lointain.

C’est justement cette idée là dont Leila Souissi a parlé en disant “dès qu’ils ont mis les pieds à Kairouan, ces photographes ne sont ni allemands, ni finlandais… mais plutôt kairouanais”.

Auparavant un point de presse a été tenu en présence de Laura Baeza, ambassadeur de l’Union européenne en Tunisie, Lelila Souissi, commissaire de la résidence et de l’exposition, Youssef Ben Ibrahim, Chef de cabinet au ministère de la Culture et de la Sauvegarde du Patrimoine et le Maire de Kairouan.

Le vernissage a été marqué par la présence plusieurs mbassadeurs de pays européens en Tunisie à savoir deux de Grèce, d’Autriche, de France et d’Espagne.