En visite pour la première fois en Tunisie dans le cadre de sa participation aux Journées cinématographiques de Carthage 2015 (JCC), le cinéaste et scénariste Hisham Zaman vient d’être sacré “Prix du meilleur scénario” pour son film “Letter to the king”.
Il s’agit de la deuxième distinction pour ce jeune réalisateur après celle de l’édition 2014 des JCC pour son film “After the Snow Fall” qui a reçu le Tanit de Bronze de la compétition officielle des Longs-métrages.
Dans une interview accordée à l’agence TAP au lendemain de la projection (23 novembre 2015), de son film à la salle le Colisée, il a tenu à signaler que les JCC représentent une occasion importante pour la visibilité de ses films qu’il a déjà présenté un peu partout en Europe et en Amérique. Primés consécutivement, en 2013 et 2014, Dragon du meilleur film nordique du festival international de Goteborg en Suède, les deux films de Zaman s’insèrent dans la même vision. “Mettre en avant le côté humain et les expériences personnelles des gens loin des clichés et des préjugés, est ma devise” a-t-il relevé.
Se montrant plutôt comme un homme débarrassé de toute vision simpliste qui renvoie l’être uniquement à une identité territoriale, il essaie d’être plus profond avec une mise en scène la plus proche possible de la réalité.”
Dans “Letter to the King”, il s’agit de cinq histoires de personnes, vivant dans un camp de réfugiés réel. Ayant vécu la même situation, Zaman avoue que ça l’a beaucoup aidé à les comprendre et donc à transmettre leur vécu, leurs rêves et leurs besoins sans pour autant considérer le film comme autobiographique.
L’expérience de l’asile dans une culture et un climat différents, Zaman la décrit comme difficile à ses débuts pour lui comme pour beaucoup d’autres. Cependant, après avoir vécu plus de 20 ans en Norvège, il considère que même si c’était pas évident, cela dépend de la volonté de chacun à vivre là où il s’attend pas.
Avec sa famille, il a vécu pendant sept ans en tant que réfugié en Iran et Turquie avant de rejoindre la Norvège, avec sa mère et ses soeurs, à l’âge de 17 ans où il a pu intégrer les clubs de cinéma. A ses débuts en Norvège, il dit avoir eu la chance de voir des films de qualité ce qui l’a incité, par la suite, à faire des études à l’école de cinéma à Lillehammer de 2001 à 2004.
Sa première oeuvre, était une fiction muette de 8 minutes, avec seulement de la musique, sur la vie d’un couple séparé et leurs enfants qui lui a valu, en 1988, des prix dans plusieurs festivals norvégiens.
Zaman dit avoir fait son premier film professionnel en 2005 “Bawka”, un mot kurde qui signifie le père. “Ce film m’a ouvert plusieurs portes surtout qu’il a été sélectionné dans une centaine de festivals à travers l’Europe où il a été primé 20 fois”.
“A Oslo, j’ai ma maison, ma vie, mais j’aimerai bien, de temps à autres, revenir à ma ville natale Kerkuk, où est née ce rêve d’enfance, la passion pour le cinéma”. C’est d’ailleurs cet attachement à ses origines et à sa terre natale, qui se traduit, a t-il relevé dans ses films où il propose une vision singulière de l’expérience des milliers de réfugiés partout dans le monde qui, en cette conjoncture actuelle, vivent dans des conditions “beaucoup plus compliquées et tragiques”.
A cet égard, il estime avoir eu la chance que beaucoup n’ont pas pu avoir. Après à peine 15 jours de son arrivée à Oslo, il eu pu accéder à l’école et continuer ses études. La devise de Hisham Zaman est de croire à ce qu’il fait et en ce qu’il est capable de faire. Sa position en tant que créateur lui a permis d’observer la vie, et transmettre des images à partir d’un angle personnel où il met en scène sa vision de la vie humaine dont il est toujours curieux de savoir les moindres détails”.