Au milieu d’un dispositif sécuritaire musclé, la montée des marches du théâtre municipal de Tunis sur le fameux «Red Carpet» et la tendance people et paillettes des festivals internationaux, le rideau est tombé, samedi, sur la 26ème édition des Journées Cinémagraphiques de Carthage (JCC) en présence des médias et d’un grand public aux alentours du Théâtre.
Après une semaine marathon, du 21 au 28 novembre, riche en manifestations, la cérémonie de clôture, a été ouverte vers 17 heures, en prévision du couvre-feu décrété suite à l’attentat terroriste survenu mardi 24 novembre qui a ciblé un bus des agents de la sécurité présidentielle et coûté la vie à 13 personnes dont l’auteur de l’attentat
. Elle a été présentée par l’animateur vedette égyptien Bassem Youssef qui a charmé le public par son sens de l’humour, lors de l’annonce de la liste des 24 prix des JCC auxquels ont été en lice 17 longs métrages de fiction, dont plusieurs premières arabes, africaines et internationales, 13 courts métrages et 16 films documentaires.
En remportant le Tanit d’or de la Compétition des longs- métrages de fiction pour “L’Orchestre des Aveugles” de Mohamed Mouftakir, le Maroc a eu droit à la meilleure récompense du festival.
Dans la même catégorie des longs métrages, un autre prix a été décerné au Maroc, à savoir “le prix du jury”, et ce, au très polémique “Much Loved” de Nabil Ayouch dont la nomination se faufilait dans les foules monstres qui ont défilé, jeudi, devant le Colisée, le jour de sa projection. Initié lors de cette édition 2015, le prix du public, de la section parallèle, est également revenu au Marocain “Ali Zaoua” de Nabil Ayouch.
La Tunisie et l’Algérie ont eu la part du lion du Palmarès avec 5 prix chacun dont un Tanit d’or à la Tunisie et deux Tanits d’Or à l’Algérie. La grande révélation des JCC 2015 est sans doute la jeune réalisatrice tunisienne Leila Bouzid avec son premier long- métrage «A peine j’ouvre les Yeux » qui a raflé quatre prix à la fois.
Figurant dans la catégorie des longs-métrages, cette fiction a remporté le Tanit de Bronze et le prix du jury décerné par TV5Monde dans la compétition première œuvre.
Deux autres distinctions ont été également remises à cette jeune cinéaste dans la section des Prix Parallèles avec le prix du meilleur décor, réalisé par Raouf Yahaoui, décerné par l’UGTT et le prix du Fipresci (Fédération internationale de la presse cinématographique).
Outre les quatre prix remportés par la fille du cinéaste Nouri Bouzid auquel un hommage a été rendu au cours de la soirée, seul un autre film tunisien a été primé, à savoir “Diaspora” de Alaeddin Abou Taleb qui a reçu le Tanit d’Or dans la catégorie des courts-métrages.
“Dans ma tête un rond-point” de Hassen Ferhani, a remporté le Tanit d’Or de la catégorie des documentaires ainsi que le Tanit d’or Tahar Cheriaa de la compétition première œuvre à laquelle a été également attribué la Mention spéciale pour “Le puits” de Lotfi Bouchouchi.
Le Tanit de Bronze de la compétition des courts-métrages est revenu à “La vague” de Omar Belkacemi en plus du prix du meilleur acteur remis à Adnane Djemi pour son rôle dans “Madame courage” de Merzak Alouache.
Parmi les pays arabes en compétition, l’Irak a remporté deux prix pour «Letter to The King», de Hisham Zaman, qui s’est vu décerner le prix du meilleur scénario de la catégorie des longs métrages et “Homeland” de Abbes Fadhel avec le Tanit d’argent de la catégorie documentaire.
La Syrie a eu droit à deux récompenses dont le Tanit de Bronze de la compétition Documentaire et le prix Safi Faye de la section des prix parallèles décerné à «Queen of Syria» de Yasmin Fedda.
Quand à l’Egypte, un seul prix lui a été décerné, à savoir le prix du jury de la section Ciné-Promesses, pour “Discipline” de Christophe M.Saber.
La part de l’Afrique dans le palmarès des JCC 2015 s’est limitée à deux prix pour l’Afrique du Sud dont un Tanit d’Argent dans la catégorie du long-métrage pour “La Rivière sans fin” d’Olivier Hermanus et le Prix du jury TV5 Monde, dans la Compétition première œuvre, pour “Necktie Youth” de Sibs Shongwe, ex aequo, avec “A Peine j’ouvre les yeux” de Leyla Bouzid.
Le Sénégal et le Burkina Faso ont remporté un prix chacun avec, respectivement, le Tanit d’or de la catégorie des courts-métrages décerné à “Terremere” d’Aliou Sow et le prix de la meilleure actrice attribué à Maimouna N’Diaye, dans son rôle dans “L’oeil du cyclone” de Sékou Traouré.
La Turquie et l’Espagne ont également remporté un prix chacun dans la section «Ciné-Promesses» avec un Tanit d’Or pour la Turquie pour “The translator” de Kayis Emre et une Mention spéciale pour «Awake» de Medina del Valle Marta.
Dans la catégorie “Takmil”, projet d’aide à la finition, initié en 2014, dont les résultats ont été révélés, vendredi au Media Center, sept prix ont été décernés à des projets de films documentaires (5) et une seule fiction.
L’ombre de Tahar Cheriaa et celle d’Ousmane Sembène dont les portraits figurent sur l’affiche officielle des JCC 2015, présidées par le cinéaste Ibrahim Letaief, ont du planer sur cette nouvelle édition du doyen des festivals cinématographiques arabo-africains qui fêtera, l’année prochaine, son cinquantenaire.