Quand la cruauté de l’Homme prendra fin, la vérité sera au rendez-vous, raconte le cinéaste malien Souleymene Cissé, dans une séquence à la fin de son film “OKA” (Notre Maison), “une fiction qui se veut un hommage à toutes les femmes de sa famille : sa mère, sa grand mère et ses trois soeurs”.
Dans une rencontre de presse, vendredi, Cissé a parlé de son oeuvre projetée hier soir, au cinéma “Le Rio” dans le cadre de la compétition documentaire de la 26ème édition des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC). Produit en 2015, ce film est à sa deuxième projection après le festival de Cannes où il a été sélectionné en compétition officielle.
Le film de Cissé, frôlant les limites entre la fiction et le documentaire, est considéré comme un documentaire qui se dresse contre l’injustice et la corruption qui frappent le Mali à travers l’histoire de sa famille et de ses soeurs âgées délogées de leur maison parentale dans une société minée par la corruption.
D’où un long procès avec la famille Diakite qui a du falsifier les documents officiels datant de 1930 attestant que la famille Cissé est la propriétaire légitime de ce patrimoine familial.
“Ne te laisse jamais abattre par le mal des autres”, “Tu dois savoir pardonner et avoir le sens du sacrifice” mais “Quand l’injustice devient insupportable c’est la fin de tout combat”…des phrases qui interpellent le spectateur face à ce souvenir douloureux que Cissé estime n’avoir pas pu le raconter autrement.
“Dans un style de cinéma nouveau pour moi”, dit-il “j’ai voulu aller vers une dimension poétique beaucoup plus transgresse”. Il dit avoir eu l’envie de “se retrouver dans la nature complètement perdu, comme seul témoin, pour se confesser et lui apporter quelque chose de nouveau loin de l’injustice et de la bêtise humaine”.
Cissé avoue que les passages de la nature l’ont beaucoup aidé dans la situation où il était avec ses soeurs. Pour lui, ce film a été fait pour qu’il “reste pour les générations futures afin de comprendre ce qui s’est passé et savoir quel rôle assumer pour la reconstruction d’une nouvelle société”.
“OKA”, c’est l’histoire d’une famille à travers laquelle Cissé raconte l’histoire d’un Mali endeuillé par le malheur de ces gens malmenés par la corruption et le fléau des djihadistes qui veulent s’accaparer du pays dans une logique qui risque de déstabiliser toute l’Afrique de l’Ouest, s’ils arrivent à dominer la partie Sud du pays.