En cette période de transition démocratique et de défis majeurs, la production cinématographique a plus que jamais besoin de promouvoir les droits de l’Homme.
C’est l’avis des acteurs culturels, dont la plupart des journalistes, présents, mardi, au débat sur le “Cinéma et la culture des droits de l’Homme”, en l’absence des conférenciers figurant au programme des Journées cinématographiques de Carthage (JCC).
Selon les participants à ce débat, le cinéma joue un rôle important dans la diffusion des droits de l’Homme surtout auprès de la deuxième et troisième générations, post-indépendance, dont “la notion patriotique s’est vue éliminée voir même estampée pour un certain temps”.
L’avènement de la révolution a permis à cette notion de “refaire surface”, ont-ils estimé. C’est pour cette raison que se pose l’utilité de réaliser des films qui traitent de la question des droits de l’Homme, estiment les journalistes présents au débat. Certains ont évoqué le facteur psychique lié aux retombées négatives de la dictature sur le citoyen tunisien.
Une situation d’injustice sociale a régné durant des décennies, ce qui a engendré, ont-ils relevé, une certaine rancœur implicite à cause de la pauvreté et l’absence de développement qui a laissé des populations à l’intérieur du pays en déconnexion totale avec l’image de la Tunisie vue de l’extérieur.
Mais quel droits de l’Homme a-t-on vraiment besoin de promouvoir en cette période transitoire, se posent certains.
Il s’agit en fait de faire le point sur la culture des droits de l’homme dans les arts qui est d’abord liée aux rejaillissements du vécu du réalisateur et de l’artiste sur l’œuvre qu’ils produisent. Car le rôle de l’Art, selon certains, est de véhiculer une image de la démocratie naissante en Tunisie tout en s’inspirant des expériences des autres.
Le cas allemand a surtout été évoqué en tant que puissance mondiale reconnue qui est passée par une période pas très glorieuse en matière des droits de l’Homme sous le régime d’Hitler.
Actuellement en Allemagne, comme partout ailleurs dans le monde, les cinéastes se dirigent vers le cinéma réel et celui des expériences humaines afin d’éclairer le public sur certains problèmes sociaux- économiques et autres.
Un constat sur la réalité du cinéma arabe mène également à déduire une absence quasi totale de l’image de l’enfant même si les films déjà présentés traitent le sujet avec une certaine distance, estiment certains.
Le cas ne diffère pas beaucoup avec les cinéastes du Maghreb dont l’expérience à ce sujet demeure timide et loin de prendre la question de l’enfance très au sérieux, ont fait relever d’autres. Qui dit droits de l’Homme dit droits de la femme en tant que base de la famille et la société en général.
L’image de la femme dans le cinéma comme dans les médias “est marginalisée et est représentée tel un produit commercial”, a encore souligné une jeune journaliste. Il ressort du débat que “les causes essentielles de cette réalité cinématographique reviennent à l’absence de scénarios qui traitent les questions fondamentales”, même si certaines expériences existent, surtout celles de cinéastes orientés vers le cinéma réel.
Les droits de l’Homme ont un long chemin à faire afin de pouvoir faire intégrer un cinéma qui puisse influencer le spectateur local encore “sous l’emprise des tabous et des préjugés”. Cependant certains insistent sur le rôle du cinéma en tant que moyen de divertir, acculturer et éveiller la conscience chez un récepteur averti.