“Cinéma de proximité…cinéma de masse” est le thème d’une conférence organisée dans le cadre de la 26ème édition des Journées cinématographiques de Carthage (JCC).
Pourquoi le public boude les institutions culturelles? comment investir les quartiers populaires à forte densité démographique et les régions marginalisées pour pouvoir consacrer réellement le principe de décentralisation? sont autant de questions soulevés par les participants.
Le critique de cinéma Mohamed Ennaceur Sardi a tenu à souligner que le public demeure le principal pilier de réussite de l’oeuvre artistique. Il a, dans ce contexte, ajouté que “la désertification culturelle” en général dans plusieurs régions nécessite de l’artiste de prendre lui même l’initiative pour aller vers le public surtout dans les quartiers populaires et de veiller à implanter des clubs culturels dans de multiples disciplines se félicitant dans ce contexte des initiatives comme celle de l’espace “Mass’art” où s’est tenue la conférence.
A cet égard, le fondateur de l’espace Mass’Art, Salah Hammouda a parlé de sa propre expérience dans la création en 2010 de cet espace qui a été d’un grand apport surtout pour les enfants. La réalisation de ce projet, a-t-il relevé, n’a pas été cependant facile au niveau du financement et du manque d’équipements. Il a, à ce propos, fortement critiqué le projet de la cité de la culture estimant que “le ministère de la culture devrait financer de nombreux projets culturels dans les villages et quartiers au lieu d’investir dans un projet toujours en panne” selon ses dires.
“L’oeuvre artistique n’a aucune valeur en l’absence du public” a tenu à signaler le cinéaste Kamel Regaya. C’est pour cette raison, il est nécessaire aujourd’hui plus que jamais de veiller à rapprocher le cinéma du public, à multiplier les spectacles et à diversifier les espaces pour toucher les institutions éducatives, universitaires et même les zones industrielles et les établissements pénitentiaires.
A cet effet, il a évoqué son expérience cinématographique entamée dans les prisons tunisiennes au mois de mars dernier à travers le projet artistique “Le cinéma dans les prisons” qui a concerné la prison civile de Mahdia et le Centre de rééducation des mineurs délinquants d’El Mourouj.
La culture de proximité en général est selon l’artiste et chercheuse libanaise Hanen El Haj, un concept fortement lié aux populations des quartiers en quête d’alternatives pour jouir de leurs droits légitimes à la culture en général et à l’art en particulier.
Selon elle, la décentralisation de la culture ne repose pas sur la création d’espaces culturels dans les régions lointaines et l’organisation de manifestations uniquement mais en consacrant l’approche participative de la population aux produits culturels que ce soit dans le cinéma ou aussi dans le théâtre, la poésie, la musique, la danse…une approche qui contribue à nourrir l’esprit créatif et artistique et à lutter contre les menaces de l’obscurantisme, du fanatisme et du terrorisme.