La nouvelle politique européenne de voisinage (PEV) annoncée le 18 novembre dernier a été de nouveau contestée par la société civile tunisienne. Lors d’une conférence organisée vendredi au siège du forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) à Tunis sur “L’impact de la politique européenne sur les pays du sud de la Méditerranée “Tunisie””, des organisations de la société civile ont exprimé leur refus de la nouvelle PEV basée encore une fois, selon elles, sur l’aspect sécuritaire.
“Nous déplorons à nouveau cette vision sécuritaire dans laquelle l’accent n’est pas mis sur les droits de l’homme”, a souligné Lilia Rebai, Directrice du bureau du réseau euro- méditerranéen des droits de l’homme (REMDH) en Tunisie.
L’intervenante s’est, à cette occasion, interrogée sur le sort des contributions de la société civile tunisienne qui a participé depuis mars 2015 à une large consultation sur la nouvelle PEV.
Lilia Rebaia a, par ailleurs, estimé que le renforcement des institutions démocratiques et transparentes est le seul garant d’une croissance et d’un développement harmonieux du pays. “Renforcer les institutions démocratiques et les droits humains rend le pays réellement fort et capable de résister aux mouvements extrémistes”, a-t-elle soutenu.
Elle a, en outre, fait remarquer que cette nouvelle PEV augmentera les frustrations des jeunes qui, faute d’absence de perspectives d’avenir dans leur pays, prennent le risque et immigrent, se suicident ou adhèrent aux groupes extrémistes.
Pour sa part, Mounib Baccari, activiste au sein du mouvement citoyen “Alarm Phone Tunisie”, a souligné la nécessité d’instaurer une autre politique migratoire européenne qui reconnait le droit à la mobilité.
D’autres représentants de la société civile tunisienne ont souligné l’importance de garantir le droit des migrants notamment dans un contexte européen qui a de plus en plus peur de l’augmentation du nombre de migrants et des réfugiés.
S’exprimant à cette occasion, la députée européenne (Française) Marie-Christine Vergiat a estimé que la migration légale, qui stagne actuellement voire diminue, est le seul moyen d’empêcher la migration illégale et d’éviter les drames.
“En l’absence de voie légale de migration et avec le renforcement du contrôle sur les frontières, les migrants prennent plus de risques et ont recours aux passeurs mettant leurs vies en péril”, a-t-elle regretté.
La députée a souligné la nécessité de renforcer le partenariat entre le parlement européen, le parlement tunisien et la société civile tunisienne afin de pouvoir changer les choses. “Les migrants et les réfugiés sont tous des êtres humains qui ont des droits qui doivent être respectés”, a-t-elle insisté.