Rencontre d’écrivains euro-maghrébins : Vérité et frontière dans la conception littéraire

Entre frontière et vérité, la littérature moderne se place dans un contexte contemporain marqué par les conflits, les intérêts et les notions d’une intégration difficile qui imposent de nouvelles visions de l’écrivain dans un monde ouvert, où se sont estompées les frontières spatiales, géographiques et intellectuelles.

“Vérité ici, erreur ailleurs”, est le thème d’un panel de discussion organisé dans le cadre de la Rencontre euro-maghrébine d’écrivains 2015, au Palais Ennejma Ezzahra à Sidi Bousaid (banlieue nord).

Cette situation est décrite par Ali Bécheur, romancier francophone tunisien, par un fractionnement de la vérité, devenue plurielle, au niveau de la structure du texte littéraire où chacun prétend détenir sa vérité. C’est comme en musique où chaque instrument livre sa partition créant une fusion de tous les sons avant d’en dégager finalement qu’une seule voix, l’harmonie.

Il fait référence à l’invention de la photographie qui a changé notre approche de la peinture et la littérature. Ce virage important, a-t-il dit, a conduit à l’impressionnisme qui repose sur la représentation de la réalité subjective et individuelle, citant Picasso qui disait “Je ne peins pas ce que je vois, je peins ce que je pense”.

Sa réflexion est que “l’infinie richesse de la littérature nous enseigne que tout est relatif et qu’il faut nous accepter dans la diversité”.

L’écrivain allemand Josef Haslinger fait un retour sur l’historique de la situation des réfugiés en Europe au lendemain des deux guerres mondiales pour parler de la situation actuelle dans laquelle se trouvent les dirigeants européens confrontés à “leur incapacité à gérer la crise des réfugiés qui accèdent à des moyens illégaux pour arriver à des situations insoutenables dans leurs pays” selon ses dires.

Pour l’Autrichienne Doris Eibl, “il est étrange de parler de littérature et de frontières sans parler des événements et des flux migratoires vers l’Europe”. Auteur et universitaire, elle estime que “le terme frontière nationale a complètement disparu et que la fonction de la littérature dans une société est de proposer des versions et des fictions diversifiées du monde”.