On n’en a pas beaucoup parlé, et pourtant, que Habib Essid, chef du gouvernement, accompagné de tous ses ministres, fasse une visite surprise à la Cité Ennour à Kasserine ne manque pas d’importance car c’est elle qui apporte la preuve qu’une frange vulnérable et fragile de nos concitoyens n’est pas oubliée de la patrie. Aux résidents de la même Cité, Habib Essid, d’habitude réservé et avare de renseignements sur sa vie privée ou encore son enfance, s’est dévoilé.
Devant le désarroi de ces hommes et femmes d’une cité où la précarité a fait du recours à la contrebande, la violence ou encore le terrorisme un moyen de subsistance, le chef du gouvernement a déclaré tout simplement «être le fils d’un maçon et avoir été obligé, à l’âge de 14 ans, de travailler à l’Usine de l’Alfa de Kasserine pour l’aider».
Une preuve que l’ascenseur social qui, il y a des décennies, a fonctionné dans notre pays peut être remis à l’ordre du jour et que la modestie des origines peut faire de nous des individus qui réussissent leurs vies et évoluent vers le mieux en gravissant les échelons socioprofessionnels et sans tomber dans la criminalité ou le terrorisme.
Une confession qui aurait, d’après des témoins sur place, ému l’assistance qui a découvert les qualités humaines du chef du gouvernement et réalisé qu’il n’était pas indifférent à sa souffrance et sa misère.
Toujours est-il que la plus grande preuve de l’intérêt du chef du gouvernement pour la région est la concrétisation dès que possible des projets planifiés pour désenclaver Kasserine et mettre fin à son isolement et sa claustration. Ce qui sera, rappelons-le, illustré prochainement par le démarrage de nombre de chantiers touchant à l’élargissement de la route nationale n°13 jusqu’au port de Sfax, l’activation de la ligne des chemins de fer reliant les gouvernorats de Sousse et de Kasserine et le lancement d’une étude pour la création d’une zone de libre-échange à Thélepte.
Le gouvernement prévoit également l’aménagement de 151 km de pistes agricoles et la transformation de l’hôpital régional en centre hospitalier universitaire ainsi que la création d’un centre de stages sportifs au parc de Chaambi que nous espérons réellement destiné aux sportifs cette fois-ci.
Sous ses airs d’apparatchik invétéré, haut commis de l’Etat rompu à l’exercice administratif, Habib Essid a révélé aux Kasserinois un visage très humain. Peut-être son véritable visage.
A.B.A