Bientôt un an, depuis qu’il s’est éteint le 06 novembre 2014 à l’âge de 68 ans, Abdelwahab Meddeb est toujours présent dans la mémoire de tous ceux qui l’ont côtoyé de près.
Au Musée du Bardo, ses amis ont ravivé, samedi, le souvenir de cet écrivain et poète et confié leurs impressions d’un fin connaisseur des arts, de l’architecture et du cinéma.
“A notre ami qui n’est pas disparu, puisqu’il est toujours parmi nous”, a entamé l’écrivain et universitaire américain, Michael Barry, la rencontre autour de Meddeb qui a réuni les Français Jean-Hubert Martin, historien d’art et conservateur de musées, et Abraham Segal, réalisateur de films documentaires ainsi que les Marocains Fouad Bellamine, artiste peintre, et Salima Néji, architecte et docteur en anthropologie.
Bellamine a évoqué une relation fusionnelle avec Meddeb sur le plan artistique avec qui il est “passé à un stade d’initiation” dans l’accomplissement de son œuvre plastique.
Il a le souvenir d'”un homme curieux qui voyageait beaucoup pour aller voir les oeuvres artistiques sur place”.
Tous deux étaient “habités par une chose essentielle qui est l’art, sa beauté et sa manière de voiler et dévoiler”. Jean-Hubert Martin garde toujours en lui ce qu’il a “ressenti face aux arts islamiques et le lien d’amitié, deux choses qui l’ont rapproché de la démarche d’Abdelwahab vis-à-vis des arts”.
Selon Martin, feu Meddeb avait “une vraie expérience de l’art”, en témoigne ses “deux licences, de littérature classique et de l’histoire de l’art”. Tout en lisant un texte des poèmes de Meddeb, Salima Néji insiste sur la qualité d'”écrivain-marcheur” chez Meddeb dont l’œuvre est pour elle “un œil d’architecte sur le monde”. Dans ce sens, Michael Barry évoque une véritable action humanitaire de Meddeb, en terme d’architecture, qui “épousait des causes comme si elles étaient les siennes”.
Il rappelle comment il essayait de réunir des signatures dans le monde entier pour sauver l’écrin architectural de Séville (Espagne) des trois religions, des assauts d’une urbanisation déréglée”.
Abraham Segal, connu pour ses films documentaires où il traite des questions en rapport avec l’art, la littérature le politique et le religieux, a parlé du cinéma en rapport avec Abdelwahab Meddeb avec qui il a beaucoup travaillé.
A cet effet, il a dit, empruntant une citation de William Faulkner, prix Nobel américain de littérature 1949, “le passé n’est pas mort, il n’est même pas passé”. Entre témoignages et émotions, les amis de Meddeb ont raconté l’histoire et revu le film de leur amitié avec lui.
C’était comme un clin d’œil à la notion de fraternité ayant caractérisé l’esprit de feu Abdelwaheb Meddeb qui “a osé porter un œil critique sur tout et qui a osé courageusement prendre partie”, a clôturé Michael Barry cet hommage posthume.
L'”Hommage à Abdelwahab Meddeb 1946-2014″, au premier anniversaire de sa mort, a été rendu vendredi et samedi dans plusieurs endroits de la capitale avec le concours de plusieurs partenaires culturels.