La thématique « Littérature et médias » a été soulevée, lundi, à l’espace l’Agora à La Marsa, lors d’une conférence conjointe tenue par trois personnalités du paysage médiatique et culturel français, en l’occurrence Bernard Pivot, Pierre Assouline et Régis Debray.
Ce trio fort d’une longue carrière en tant qu’écrivains et journalistes à la fois, a relancé le débat sur les problèmes du livre dans les médias d’aujourd’hui mais aussi sur la lecture, le Prix Goncourt, la Francophonie et la distribution du livre francophone.
Ce que l’on retient le plus de cette rencontre, marquée par son ambiance conviviale cassant avec les longs discours littéraires, c’est ce réel problème qui se pose de nos jours à travers la difficile voire même ambiguë interaction entre littérature et médias affirmée par Régis Dubray en disant « les médias, c’est la meilleure et la pire des choses ».
Devant l’avis de ceux qui conçoivent qu’il n’y a pas plus antinomiques et plus éloignés, actuellement, que les médias et la littérature, il existe une part de vérité liée à un réel problème du livre en mal de lecteurs.
Partant de son constat du lectorat européen, Pierre Assouline dit « mon critère, c’est le métro et le train », une tradition chez les voyageurs européens dans leurs déplacements quotidiens qu’il dit avoir constaté « de plus de plus en plus de lecteurs ».
En cette époque du livre digital, cet écrivain avoue avoir, lui-même, toujours une ou deux copies digitales sur son portable en plus de son livre, en version papier. Une précaution qu’il prend « en cas où mon livre de poche ne me plait pas », dit-il en plaisantant.
En déclarant « les vrais écrivains ont de l’avenir », Assouline porte une vision plutôt optimiste sur l’avenir de la littérature, chose que ne partage pas Dubray qui parle d’« une crise de la lecture et du livre ».
Revenant sur la place de la littérature dans la presse française qui a subi beaucoup d’évolution, Bernard Pivot évoque les journaux qui réduisent réduire les pages culturelles pour des raisons économiques liées au manque de publicité.
Plutôt optimiste à ce sujet, Assouline trouve qu’ « il y a très peu de pays qui offrent l’équivalent de France culture » ou autres médias culturels tels que la chaîne franco-allemande Arte, sans compter les suppléments culturels des grands journaux et les quotidiens gratuits.
Pour ce trio de journalistes-écrivains, les médias se placent comme des intermédiaires qui font, à travers les interviews des auteurs, le lien entre livre et lecteur dans un monde où ils ne cachent pas l’existence d’ « une crise de la lecture et de l’écrit ».
Dans l’ère du digital et du numérique, il ne serait certainement pas facile de perpétuer la tradition de la culture orale qui consiste à lire ou raconter une histoire à l’enfant.
Très répandues dans certains pays comme l’Allemagne, les lectures publiques, faites par des écrivains ou des poètes, est une nouvelle tendance littéraire qui est, selon Bernard Pivot, en train de se répandre en France. « Les Français prennent le goût de la lecture telle qu’elle est écrite », estime-t-il.
Le rôle le plus important incombe au système éducatif, car « l’école doit à apprendre à lire aux jeunes générations », comme le préconise Debray.
Actuellement en visite en Tunisie, Bernard Pivot, Pierre Assouline et Régis Dubray font partie des membres de l’Académie Goncourt dont Tahar Ben Jalloun, Françoise Chandernagor, Paule Constant, Didier Decoin et Marie Dabadie.
Les membres du prix Goncourt, présidé par Bernard Pivot, devraient annoncer, mardi au Musée du Bardo, la troisième sélection du jury, dernière étape avant l’attribution du prix Goncourt 2015, le 3 novembre à Paris.
Tel est le cas dans plusieurs pays où il existe un prix Goncourt local (Pologne, Serbie, Proche-Orient, Roumanie), une « Liste Goncourt: le choix de la Tunisie », devra être annoncée en décembre 2015.
Il s’agit d’une initiative de l’ambassadeur français à Tunis, François Gouyette, a déclaré Bernard Pivot, membre du Goncourt depuis déjà 11 ans, qui soutient ce choix de la Tunisie, en tant que pays francophone.