Les trois dernières années ont été marquées par la création de 10 associations théâtrales dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, ainsi que de deux compagnies de production théâtrale.
Cet état de lieux est pour certains un bon prémice pour l’émergence du théâtre régional qui va aider à dynamiser la région et pour d’autres, un secteur qui bouge mais difficilement pour manque de financements.
Dans des témoignages recueillis par le correspondant de l’agence TAP à Sidi Bouzid, un grand nombre d’hommes de théâtre et représentants d’associations à vocation théâtrale, est unanime à relever que l’état des lieux médiocre du théâtre dans la région est le résultat de la politique de centralisation de l’offre culturelle menée dans le pays depuis de longues décennies; une politique de marginalisation et d’exclusion qui a touché tous les secteurs dans les régions intérieures.
De ce point de vue, il est désormais nécessaire, selon eux, de réfléchir à accorder un intérêt au théâtre régional surtout que Sidi Bouzid dispose d’un patrimoine culturel important.
Pour Abdessattar Khlifi, président de l’association “Joussour de création et de théâtre” et membre du bureau exécutif de la fédération tunisienne de théâtre, le paysage théâtral s’est nettement amélioré au cours des dernières années grâce notamment à la contribution d’une poignée d’hommes de théâtre de la région qui oeuvre contre vents et marées à produire des oeuvres qui ont eu la chance ainsi d’être présentées dans les différents gouvernorats de Tunisie.
Il a, dans ce sens, estimé que la création d’un Centre d’arts dramatiques et scéniques à Sidi Bouzid est susceptible d’aider les différentes parties concernés à attirer les jeunes et à les intégrer dans la vie culturelle de manière à les mettre à l’abri de certains fléaux de l’heure, le terrorisme et l’extrémisme.
De son côte, l’homme de théâtre Abdelfatteh Kamel a évoqué l’absence dans cette région d’un projet culturel en bonne et due forme qui aide à développer les espaces artistiques et à instaurer une véritable plateforme de diversité culturelle innovante.
En effet, selon lui, le manque d’équipements dans les maisons de culture qui sont elles mêmes en mauvais état et l’absence de ressources humaines formées sont autant de facteurs qui ont fait de la culture un secteur pauvre sur tous les plans.
C’est pourquoi, il a relevé la nécessité de réfléchir à rénover les équipements dans les établissements culturels et à les doter de cadres spécialisés dans le théâtre de manière à développer les projets et à diversifier l’offre théâtrale pour pouvoir attirer les jeunes.
De l’avis de Abdelfatteh Kamel, il est important de soutenir non seulement les associations mais aussi les initiatives personnelles et ceci, est possible grâce à la contribution du privé prêt à investir dans le théâtre régional.
Il a par ailleurs appelé à la création d’un fonds d’aide au développement culturel dans les régions intérieures, à la mise en place d’une stratégie de travail régionale et à l’ouverture des manifestations culturelles aux établissements éducatifs afin que la culture soit une partie intégrante de la vie du citoyen dès son jeune âge.
Pour le délégué régional de la culture, Hassine Boubekri, l’octroi de subventions par le conseil régional et le commissariat régional de la culture de Sidi Bouzid pourrait aider les associations actives et sérieuses dans leur travail.
Dans ce sens, il a fait savoir qu’une séance de travail est prévue avec les associations théâtrales au niveau régional. Un document de travail officiel sera élaboré pour la saison 2015-2016 afin de définir le calendrier des manifestations dans les régions et d’adopter une stratégie équitable dans la distribution des spectacles sur les plans régional et national.
Il a par ailleurs signalé que le projet du Centre des arts dramatiques et scéniques de Sidi Bouzid, moyennant un coût global de l’ordre de 2,1millions de dinars, est soumis à un appel d’offres. Ce projet, a-t-il conclu, permettra de donner une nouvelle impulsion à la création théâtrale dans la région de Sidi Bouzid.