Le ministre des affaires sociales, Ahmed Ammar Youmbai et le secrétaire général de l’union générale tunisienne du travail (UGTT), Hassine Abassi ont reconnu, lors d’une conférence syndicale tenue, jeudi à Hammamet, que les caisses de sécurité sociale traversent une crise et qu’il faut trouver des solutions radicales pour garantir leur équilibre financier à travers la diversification des sources de financement et la recherche de nouvelles ressources.
Youmbai a annoncé, au cours de cette conférence sur la gouvernance et la réforme des régimes de sécurité sociale, que les caisses sociales connaissent une situation financière critique dans la mesure où leur déficit est estimé à 1100 millions de dinars au titre des années 2013, 2014 et 2015.
Si des solutions urgentes ne sont pas trouvées, ce déficit sera porté à 4600 millions de dinars à l’horizon 2020, a-t-il dit. Dans une déclaration à la presse, le ministre des affaires sociales a indiqué que l’augmentation de l’âge de départ à la retraite est une mesure qui va contribuer à stopper l’hémorragie dont souffrent ces caisses et à les aider à retrouver leur équilibre au cours des cinq prochaines années, notamment, pour la caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale (CNRPS).
Cette mesure, a-t-il ajouté contribuera, également, selon Youmbai de faciliter la recherche des solutions nécessaires qui préparent le terrain à une réforme permanente à travers la diversification des sources de financement de ces caisses.
Il a expliqué que l’augmentation de cinq ans de l’âge de la retraite portant, ainsi, à 65 ans l’âge limite d’activité, repose sur les résultats d’études qui ont démontré que le recours à l’augmentation volontaire de l’âge de la retraite qui concernerait au moins 50% des personnes concernées par cette question, permettra aux caisses sociales de couvrir leur déficit au cours des cinq prochaines années.
Le ministre a annoncé que ces études ont révélé que plus de 50% des personnes ayant atteint l’âge légal de départ à la retraite (60 ans actuellement) désirent continuer de travailler surtout que les chances d’avoir un emploi stable ont nettement diminué avant l’âge de 30 et que 25 ans de service permettent à l’assuré de bénéficier de 60% seulement de la pension de retraite.
Le département des affaires sociales, a-t-il encore dit, soutient la proposition de l’UGTT qui appelle à un projet de réforme globale à la crise des caisses sociales avant fin 2016, ajoutant que la diversification des sources de financements des caisses sociales passe, inévitablement, par le recouvrement de leurs dettes ainsi que par la réactivation de la politique de contrôle.
Il s’agit, également, a-t-il fait savoir de restituer les cotisations impayées des salariés non déclarés et de ceux opérant dans le secteur informel ou encore la différence entre les salaires perçus et déclarés.
Pour sa part, le secrétaire général de l’UGTT, Hassine Abassi a estimé que face à l’impossibilité d’augmenter les cotisations de l’entreprise ou du travailleur, la solution réside dans la révision de la politique sociale et dans la réalisation d’un audit global de la réalité des caisses sociales qui doivent être gérées sur la base de la bonne gouvernance.
Parmi les solutions envisagées, figure, également, selon Abassi la recherche de nouvelles sources de financement de ces caisses sans alourdir les charges du salarié et de l’entreprise et d’éviter les solutions conjoncturelles à l’instar de l’augmentation de l’âge de la retraite qui est une solution provisoire qui ne va pas résoudre le problème de ces caisses.