La Palestinienne Raeda Tahar en performance à El Teatro : confessions de la fille d’un martyr

Tel un album souvenir qu’on consulte avec nostalgie mais aussi avec des moments de doute et de regrets, Raeda Tahar reprend le fil des souvenirs de son enfance et revient sur sa vie de fille de combattant et martyr Palestinien.

Ayant vécu à Beyrouth, la comédienne porte en elle l’honorable mais aussi la lourde vie immaculée du souvenir du décès de son père le “combattant Tahar” tombé en martyr lors de sa participation en mai 1972 à la prise d’assaut d’un vol Bruxelles-Al Qods occupée. Un souvenir qu’elle a choisi de mettre à nu dans une pièce de théâtre “Alae zayak feen ya Ali”, littéralement, “Ali, Comment trouver quelqu’un comme toi.”

D’après une mise en scène de la Libanaise Lina Abyad, la pièce est écrite et interprétée par Raeda Tahar qui l’a présentée, lundi soir, à l’espace El Teatro à Tunis dans le cadre des 17èmes Journées théâtrales de Carthage.

Dans cette sorte de “lettre ouverte à son père qu’elle connaît à peine”, se dresse une performance autobiographique argumentées de photos, chansons et vidéos accompagnant le texte qu’elle a soigneusement interprétée sur son canapé au milieu de la scène plongée dans l’obscurité pour ne laisser place qu’à sa silhouette. L’artiste atteint le stade de délire avec les cris de sa mère lors de la mort de Ali : une épouse devenue veuve à juste 27 ans avec quatre filles à sa charge, dont Raieda l’aînée.

Raeda se met dans la peau de plusieurs personnages ayant marqué sa vie comme fille de combattant comme le leader Yasser Arafat avec qui elle a travaillé lors de l’implantation de l’Organisation de la libération palestinienne (OLP) à Tunis.

Comme si elle reconstruit les pièces d’un vieux puzzle, la pièce raconte des fragments de vie d’une femme ayant fréquenté les grandes écoles, vécu une vie confortable et côtoyé de près des personnes les plus emblématiques de la cause palestinienne.

La complicité entre la comédienne et la réalisatrice est visible sur plus d’un détail faisant de la pièce une oeuvre à la touche féminine soucieuse du détail avec une Raeda hantée par l’amour de son père tout comme sa mère qui lui confie “J’ai rêvé que ton père va épouser une autre”.

C’est ce grand amour porté vers Ali qui explique d’ailleurs le titre de la pièce “Alae Zayak feen ya Ali”, inspirée d’une chanson de la diva libanaise disparue “Sabah”.