Tunisie – Violence contre les femmes : Plaidoyer en vue d’harmoniser les lois avec la Constitution

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“Une stratégie d’appui et de soutien aux efforts visant à harmoniser les lois avec la Constitution sera lancée prochainement », a annoncé Hafidha Chekir, membre de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) et professeure de droit Constitutionnel.

« L’objectif de cette stratégie étant faire table rase des lois jugées discriminatoires à l’égard des femmes », a-t-elle ajouté. S’exprimant lors d’une conférence internationale organisée, à Tunis, sous le signe « Les violences contre les femmes :

harmoniser les lois avec la Constitution », Chekir a précisé que cette « stratégie servira d’un moyen de pression pour contraindre les pouvoirs publics à inscrire la question de lutte contre la discrimination contre les femmes parmi leurs priorités et réalisations ».

La conférence est le « couronnement d’une action commune menée au long d’une année, de concert avec plusieurs organisations internationales et nationales », a-t-elle révélé.

« Il s’agit là de la 4ème étape dans le processus d’élaboration de cette stratégie qui viendra après trois étapes, dont notamment, l’établissement d’un inventaire raisonné des différentes lois qui feront l’objet de refonte en vue de les harmoniser avec le texte de la Constitution. »

A cet égard, elle a cité le Code de Statut personnel, le Code de travail, loi sur la fonction publique, le code de Procédure pénale et les lois sur la nationalité et l’organisation sanitaire, en plus des décrets-lois portant organisation des associations et des partis.

Prenant la parole, la présidente de l’association des femmes tunisiennes pour la recherche sur le développement (AFTURD), Saloua Kannou, a dénoncé les différentes formes de violence contre les femmes qui, a-t-elle dit, affectent largement la participation socio-économique et politique de la femme, dénonçant l’absence de mécanismes juridiques permettant à la société civile d’agir à temps pour contrer les différentes formes de violence à l’égard des femmes.

De son côté, la présidente de l’Association « Bayti », Sanaa Ben Achour a souligné que « pour relever le défi de la violence faite aux femmes, il est impératif de réviser le dispositif juridique consacré dans le Code de Statut personnel, du code de travail et du Code pénal. »

« L’idéaux qui ont animé les rédacteurs du code du statut personnel ont fait de ce code un texte sacré alors que celui est entaché de nombre de lacunes et d’insuffisances, notamment en matière de discrimination à l’égard des femmes », a-t-elle rappelé.

« Ce code a joué son rôle historique dans l’émancipation de la femme depuis 1956 », a-t-elle estimé, soulignant « qu’il est temps de revoir ce texte et de réviser certaines de ses dispositions de manière à les rendre en harmonie avec la Constitution».

Initiative de l’Association Tunisienne des femmes démocrates (ATFD) et de sept associations partenaires, les travaux de la conférence internationale qui se poursuivront deux jours durant s’articulent autour des ” conventions internationales et régionales en matière de lutte contre la violence contre les femmes » et « une discussion d’une plate-forme commune éventuelle pour un plaidoyer pour l’égalité, la non-discrimination et la lutte contre les violences à l’égard des femmes ».