Face aux vanités et à la bêtise humaine, se dressent deux réalités: la tragédie et le triomphe de la mort qui rappellent que la vie n’est qu’un songe qui, à chaque fois, nous fait miroiter des illusions dont on ne sait la véracité.
Enseignements majeurs de la burlesque pièce de théâtre “La vie est un Songe” ou “Eddenya Mnéma”, dans une adaptation tunisienne, mise en scène par le Français David Bobée, de l’oeuvre originale “La vida es Sueno” écrite en 1635 par le dramaturge et poète espagnol Pedro Calderon de La Barca.
Dans une traduction de Nidhal Guiga, ce chef d’œuvre de l’art baroque du XVIIème siècle a été présenté, vendredi soir, en avant-première dans la Cour de l’Institut français de Tunisie (IFT), à l’occasion de l’ouverture de la 17ème édition des Journées Théâtrales de Carthage (JTC, 16-24 octobre).
Il a fallu attendre la quatrième scène pour qu’apparaisse un Hichem Rostom majestueux dans le rôle de Basile, le Roi de Pologne. La grande cour du petit Carnot s’est transformée en la cour du Roi des temps modernes, dans une scénographie minimaliste conçue en palettes recyclées et à partir de tapis tunisiens rappelant le confort des cours royales baroques.
Symbole d’un peuple ayant longtemps vécu accablé par les interdits et la
dictature, Sigismond, se retourne contre son père, le Roi Basile. Un contexte qui rappelle celui du peuple tunisien qui, en rêvant d’un jour meilleur, s’est retrouvé, d’un coup, face à une autre situation: s’agit il d’un songe ou d’une réalité?. Un coup de magie s’opère et le peuple se révolte réclamant Sigismond au trône, pour remplacer un Basile affaibli.
En s’inspirant d’une Pologne imaginaire, la pièce qui dépeint des souvenirs d’une révolution et des grands mouvements de la société tunisienne s’inscrit dans le contexte du théâtre “politique” dès lors que le Théâtre est le reflet du contexte dans lequel il se crée.
Onze interprètes -acteurs, danseurs et acrobates- dont Amira Chebbi (Rausona), Assem Bettouhami (Clothalde ) et Bilel Beji (Astolphe) ont été réunis dans une version tunisienne de la pièce où se présente une nouvelle forme de théâtre mêlant danse, théâtre et chorégraphie dans une scène en pleine ébullition, mouvements et changements à l’image du pays.
Une toile de personnages hyperactifs, agités et mystérieux occupent la scène d’un nouveau théâtre où le public entre sur scène pour faire partie de la Cour du Roi.
Monté à trois mains, par les deux chorégraphes tunisiens Hafiz Dhaou et Aicha M’barek et le metteur en scène français David Bobée, cette production tuniso-française est le résultat d’une grande connivence artistique dont l’idée est aussi de fonder un cycle de formation pluridisciplinaire pour des jeunes interprètes de Tunisie qu’ils soient acteurs, danseurs ou acrobates.
Ce spectacle en langue arabe qui se poursuivra du 17 au 19 octobre à Tunis et programmé le 24 octobre au Kef, sera en tournée en France, pour la saison 2016/2017 notamment à Rouen, et au centre dramatique national de la Haute Normandie.