La police municipale vient de fermer trois ateliers qui fabriquaient les fournitures scolaires avec du papier compensé par l’Etat et les revendait sur le marché à des prix exorbitants: 10 à 12 dinars le cahier. Qui a «offert» ce papier aux ateliers en question? Qu’est-ce qu’il a eu en échange? Et qui en sont les responsables? Le ministère de l’Industrie qui “fabrique“ le papier? Le ministère du Commerce qui a la responsabilité de sa distribution et du contrôle de son usage, qu’il s’agisse d’organismes publics ou autres?
Une affaire à suivre de près lorsque l’on sait -et c’est devenu un secret de polichinelle- que les pratiques délictueuses ont changé de camp et que les hauts responsables et commis d’Etat que l’on accusait auparavant de tous les maux sont devenus aujourd’hui frileux et réticents même pour ce qui est de prendre des décisions utiles pour les contribuables et le pays. Grâce aux prédateurs anti-corruption, une signature rime aujourd’hui avec un mandat d’arrêt ou de dépôt dans une prison.
Une administration attentiste, timorée, craintive et même lâche. C’est l’une des “plus grandes réalisations“ du 14 janvier. Une autre réalisation, la popularisation de la corruption faute de pouvoir populariser les valeurs citoyennes. Pourquoi pas? Nos chers représentants du peuple trouveront toujours des arguments populistes pour justifier les défaillances des «pauvres fonctionnaires» qui ne sont pas très bien rémunérés, ou encore des ouvriers dont les patrons sont des buveurs de sang et de sueurs.
Tristes raisonnements, lesquels, en prétendant vouloir défendre aveuglément les «démunis», vont finir par les priver de salaires, de dignité et pire pourraient à terme mettre en faillite l’Etat, car justifiant toujours la médiocrité et les défaillances et ne défendant presque jamais le travail, le mérite et la compétence.
Résultat : une corruption qui va dans tous les sens, allant jusqu’à la traite des personnes puisque, de source officieuse, nous venons d’entendre parler d’agences de voyage travaillant en toute «légalité» qui font commerce de nos jeunes les envoyant en Turquie pour passer ensuite dans les camps des assassins de Daech. 30.000 dollars la tête avec confiscation du passeport à l’arrivée et un leitmotiv : “tu meurs ou tu meurs!“
Qu’en est-il des autorités qui délivrent les licences aux agents de voyage, font-elles des enquêtes avant leur permettre d’exercer? Et qu’en est-il de la responsabilité de la FTAV? Est-elle aussi soucieuse de droits de ses adhérents que de ses obligations envers la sécurité nationale? Ceux et celles qui veillent à sa destinée se sont-ils posés la question sur les raisons de l’augmentation du nombre d’agences de voyage ces dernières années? Bien sûr que la réponse peut être «la Fédération n’en est pas responsable».
Pourtant, dans les années 80/90, les responsables syndicaux assuraient eux-mêmes le contrôle du degré de professionnalisme de leurs adhérents, veillaient à séparer les agences détenant da licence A de celles qui ont la licence B, et militaient pour que les unes et les autres ne dépassent pas le champ d’application de leurs licences. Aujourd’hui, il y a des entreprises qui créent des agences pour acheter des véhicules de transport à bas prix et les utilisent dans le transport des personnels de leurs usines. La FTAV réagit-elle par rapport à cela? Ni elle ni personne d’ailleurs, tout le monde est occupé à exercer le nouveau dada des Tunisiens: la politique politicienne sans efficience et sans éthique.
Pour terminer sur un autre exemple de la corruption généralisée vécue par un conducteur qui a commis une infraction dans un rondpoint à la banlieue nord de Tunis. Au lieu de faire l’objet d’une amende, le policier l’invite à sortir de son véhicule et le conseille «Pourquoi payer une amende de 180 dinars tunisiens alors que vous pouvez m’en offrir juste une petite partie et je feins de n’avoir rien vu». Le conducteur a refusé net et a préféré payer l’amende. C’est tout en son honneur et cela serait vraiment bénéfique pour le pays si tout le monde agissait ainsi.
En attendant, tous les ministères devraient être dotés de numéros verts pour dénoncer les mauvaises pratiques. «Cela ne s’appelle pas ‘’sabbeb» ou balance, comme on se plaît à le dire mais c’est faire acte de citoyenneté et de patriotisme que de dénoncer toute mauvaise pratique d’où qu’elle provienne.
Et encore une fois que nos politiciens férus de la défense des «zouawlas» arrêtent ce cinéma de les angéliser et de diaboliser les mieux nantis et même de larges pans de la classe moyennes tunisienne. Un acte condamnable l’est quel qu’en soit l’auteur.
Amel BelHadj Ali