Tunisie : Pour Ennahdha, la réconciliation oui, une loi sur la tawba why not ?

ghannouchi-ennahdhaLe chef du mouvement islamiste, considéré aussi au national qu’à l’international comme un renard politique, ne fait rien sans rien et surtout prend le temps de calculer ses coups -souvent bas- avant d’en frapper un Etat vidé de ses compétences et de ses stratèges politiques.

Ainsi, à chaque intervention sur les médias, le chef et l’inspirateur du mouvement islamiste tunisien assure la présidence de tout son soutien quant au projet de lois sur la réconciliation nationale, comme si son parti et lui-même n’allaient pas en tirer bénéfice (sic). Des fois, il pousse le vice jusqu’à évoquer la probabilité de son amendement. Amendé dans quel sens? Puisque son parti, qui a gouverné le pays pendant près de trois ans, en profite au même titre et beaucoup plus que les opérateurs ou les politiques de l’avant 14 janvier jugés, rejugés, délestés pour certains de leurs biens et passant plus de temps depuis cette date fatidique au Palais de Justice que chez eux !

Qu’apportera le nouveau projet de BCE à ces Tunisiens qui n’arrêtent pas, à tort ou à raison, de payer cher en intégrité morale, bien et procès interminables et humiliants depuis 2011 ?

Le maître du jeu Ghannouchi veut le beurre et l’argent du beurre : profiter ainsi que la Troïka d’un projet de loi sur la réconciliation plus que controversé et faire pression sur ses initiateurs pour qu’ils défendent le principe d’une amnistie ou d’un pardon des terroristes ! Edifiant ! Comme si nous n’avions pas vu et vécu les conséquences de l’amnistie qui a libéré les terroristes des événements de «Slimane». Voltaire a dit : «La politique a sa source dans la perversité plus que dans la grandeur de l’esprit humain». Cela veut tout dire !

« L’initiative se manifeste sous la forme d’une amnistie et devrait en finir définitivement avec le passé… L’objectif est d’aboutir à la clôture des dossiers de corruption et de malversation afin de tourner concrètement la page et rétablir un climat propice à l’investissement. A cet effet, le projet de la loi, composé de 12 articles, permettra la levée des poursuites et jugements, ainsi que l’exécution des peines engagées contre les fonctionnaires et assimilés pour des actes de malversations financières sauf corruption et détournement de fonds », commente www.ilboursa.com.

Ajoutons que nous devrions y énumérer avec plus de précision les infractions et les violations commises et y spécifier les noms et les parties qui en seront les premiers bénéficiaires, leur nombre, les champs d’application de la loi. Que l’on sache enfin qui a fait quoi dans ce pays et ce jusqu’au mois d’octobre 2014, et si cette loi s’étend la phase post-électorale, c’est-à-dire jusqu’à ce jour, ce qui n’est pas indiqué dans le projet de loi tout comme on ne précise pas qu’il doit être validé par l’ARP.

« Un projet qui frappe de plein fouet l’Etat de droit », estime Ahmed Souab


Ce n’est pas l’opinion d’Ahmed Souab, militant de longue date mais plus important que tout, juriste et juge administratif figurant parmi les plus intègres au pays, et qui estime qu’«un Etat de droit ne peut pas être bâti par les juristes de l’Etat et surtout du Palais. Il ne peut être bâti que par des juristes libres. D’ailleurs, ces juristes ne sont pas aimés par l’Etat».

Pour Me. Souab, le projet de loi sur la réconciliation nationale est composé par des textes kleenex et surtout ne respecte aucunement le principe de la démocratie participative cité dans le paragraphe 3 de la Constitution. «Ce projet de loi souffre de son approche verticale car il s’est placé au-dessus de tous les autres pouvoirs aussi bien juridictionnel que législatif. Il n’a pas été soumis à un débat public, il n’illustre par les valeurs de la transparence et n’est basé sur aucune étude d’impact quant à ses retombées socioéconomiques et le bénéfice qu’il peut apporter au pays. Nous ne voyons pas de chiffres. Il ne comporte pas non plus de précisions quant à son application dans le temps qui peut donc être illimitée, on n’y mentionne pas clairement qu’il va être soumis à l’approbation de l’ARP ».

Pour Ahmed Souab, il est également inadmissible que la commission chargée d’étudier les dossiers de la réconciliation soit dans sa majorité composée de membres représentant le pouvoir exécutif tout comme il est inacceptable que l’on remettre le dossier clôturé à l’IVD dans un délai d’un mois après que le Premier ministère l’a reçu.

Rached Ghannouchi se sent, pour sa part, très concerné par les problèmes des hommes d’affaires accusés de corruption sous l’ancien régime, lui qui les recevrait, selon nombre de sources concordantes, chez lui à bras ouverts pour leur offrir appui et protection comme tout parrain. Il a d’ailleurs à maintes reprises déclaré «il y a des gens interdits de voyage. Il faut ouvrir leurs dossiers et chercher objectivement et concrètement des solutions pour dépasser ce problème».

Et lui qui a, pendant longtemps, parlé des djihadistes comme étant ses enfants, parle aujourd’hui de Tawba. A ce propos, il a déclaré dans un entretien sur Shems Fm sur un ton très paternel que l’un des instruments de lutte contre le terrorisme est “d’ouvrir la porte de la Tawba, du pardon, pour ces jeunes… Après tout, la Tunisie n’est pas le seul pays qui a souffert du terrorisme”, dit-il. “Devons-nous nous situer dans une logique continuelle de tueur et de victime ? Des fois, il faut savoir récupérer nos ennemis et leur offrir l’absolution pour ne pas les pousser à lutter à mort contre nous”.

Pour monsieur Ghannouchi, le terroriste et ses victimes se valent, les sanguinaires et les corrompus s’égalent (sic), et s’il y a projet de loi sur la réconciliation nationale touchant les «initiateurs» ou responsables de délits financiers ou économiques, alors pourquoi ne pas pardonner à ceux qui ont pris leurs vies aux innocents en promulguant une loi sur la Tawba?

Il ne le dit pas clairement à ce jour mais selon des sources fiables, il travaillerait patiemment et diplomatiquement à tisser sa toile d’araignée autour des décideurs publics et des leaders politiques non sans user parfois de menaces voilées ou de chantages.

La Tunisie ne peut pardonner aux sanguinaires, encore moins la Syrie vers laquelle et sous le règne de la Troïka des milliers de terroristes formatés, financés et soutenus par des endoctrineurs ont été envoyés. Ils ont été sur place les soldats de l’apocalypse, ceux qui ont décapité, violé, agressé, torturé des milliers de Syriens, innocentes victimes d’une guerre décidée par les maîtres du monde.

Aujourd’hui M.Ghannouchi veut mettre à égalité des présumés corrompus ou de véritables corrompus qui ont payé pour leurs abus et des terroristes sanguinaires. Monsieur et si c’était votre fille qui avait été violée, vendue au marché aux esclaves ou donnée en pâture à des malades en mal de chair fraîche, vous pardonneriez? Et si c’était la tête de votre fils qui avait été décapitée ou votre petit-fils qu’on avait pris comme Éphèbe ou « Ghoulem », auriez-vous choisi le terme qui vous sied, vous pardonneriez ?

Monsieur, on pardonne à ceux qui prennent conscience de l’horreur de leurs méfaits et qui ont une conscience, on ne pardonne pas aux formatés des mouvements islamistes internationaux. Il n’y a pas encore de scanner qui puisse renverser l’opération de formatage des esprits !

Amel Belhadj Ali