Tunisie : Débat houleux à l’ARP sur l’état d’urgence…

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Les députés, toutes tendances confondues, réunis, mardi, en plénière, pour examiner trois projets de loi, ont tenu, au début de la séance, à condamner l’usage de la violence policière contre les manifestants qui protestaient, de manière pacifique, contre la réconciliation économique. De vives tensions ont, ensuite, marqué les discussions.

Les députés de l’opposition ont demandé de modifier l’ordre du jour de la séance plénière pour pouvoir débattre de la répression des manifestations, alors que les députés de la coalition gouvernementale ont appelé au respect de l’ordre et à consacrer une séance, à part, pour l’audition du chef du gouvernement et du ministre de l’Intérieur.

Les députés de l’opposition et ceux de la coalition gouvernementale se sont, mutuellement, accusés de faire régner un climat de tension, d’une part, et de vouloir faire passer des lois sous couvert de l’état d’urgence, d’autre part.

« Rester silencieux face à la répression des manifestants équivaut à un retour à la tyrannie », a lancé Mongi Rahoui, élu du Front populaire qui a ajouté que le Parlement, en tant que garant des droits de l’Homme et de la liberté d’expression, est le premier concerné par le contrôle du gouvernement.

Ces pratiques répressives rappellent celles de l’ancien régime, a, pour sa part, dit Jilani Hammami (FP). De son côté, Zied Lakhdhar (FP) a insisté sur la nécessité de faire front contre ces méthodes répressives, précisant que le Front populaire avait déjà mis en garde contre l’utilisation de l’état d’urgence pour faire passer une batterie de lois.

Pour la députée Samia Abbou (Courant démocrate), il est inadmissible de faire passer des lois sous prétexte que le pays traverse une phase exceptionnelle. « Il n’est pas non plus question d’un retour aux méthodes de Ben Ali », a-t-elle tancé.

L’élu Leila Hamrouni (Nidaa Tounès) s’est dit étonnée du lien établi par certains entre l’état d’urgence et la loi de réconciliation économique, qualifiant d’ « illégaux » les appels au retrait de ce projet de loi. « Seul le parlement est habilité à rejeter ou amender ce projet de loi », a-t-elle affirmé. Les députés de Nidaa Tounès ont appelé à une séance, exclusivement, consacrée à la question des libertés.

Abdelaziz Kotti a, dans ce contexte, déclaré que Nidaa Tounès a l’intention d’adresser une lettre au ministre de l’Intérieur lui demandant de ne pas interdire les manifestations qui se tiennent dans le cadre du respect de la loi.

Intervenant dans le débat, le président de l’ARP, Mohamed Ennaceur, a déclaré avoir adressé une correspondance à ce sujet au ministre de l’Intérieur qui s’est, pour sa part, dit disposé à répondre, à tout moment, aux questions des députés.

Pour sa part, Noureddine Bhiri, président du groupe Ennahdha, a appelé à une réunion d’urgence du bureau de l’ARP pour fixer la position du parlement au sujet de ces différentes questions.

Mohamed Ennaceur a, suite à ce débat, décidé de convoquer, mercredi, une réunion du bureau de l’ARP suivie d’une réunion des présidents de groupes parlementaires La plénière de mardi est consacrée à l’examen du projet de loi relatif aux privilèges accordés aux présidents de la République, après la fin de leurs missions, du projet de loi sur le dépôt légal et du projet de loi portant extension de la loi régissant le régime de retraite des membres de l’Assemblée des représentants du peuple aux membres de l’Assemblée nationale constituante.