Des associations de défense des droits de l’Homme ont dénoncé, lundi, la décision du ministère de l’Intérieur d’interdire les manifestations, appelant à respecter le droit de manifester garanti par la Constitution.
Ils ont, également, appelé à interdire l’usage de la force et de la violence et à poursuivre les auteurs de ces actes.
La liberté de pensée, d’expression, de manifestation et de réunion sont des droits garantis par la Constitution sans lesquelles l’exercice de la citoyenneté et la réalisation de la transition démocratique ne peuvent pas être concrétisés, a déclaré, lundi à l’agence TAP, Abdelbasset Ben Hassen, président de l’Institut arabe des droits de l’Homme (IADH).
Il a souligné la nécessité de prendre une « décision politique claire » garantissant ces droits, en interdisant l’usage de la force lors des manifestations pacifiques et en engageant des poursuites contre les auteurs de ces actes.
Il s’agit également, a-t-il dit, d’accélérer l’adoption d’une réforme globale du système sécuritaire.
S’agissant de l’état d’urgence, Ben Hassen a rappelé que les principes mentionnés dans la Constitution ainsi que dans la loi internationale des droits de l’Homme, particulièrement l’article 4 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ne sont pas en contradiction avec l’état d’urgence.
La loi stipule que la déclaration de l’état d’urgence « ne doit pas servir de prétexte pour violer ces droits », a-t-il ajouté.
De son côté, la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (LTDH) a dénoncé, dans un communiqué, « les abus à répétition commis contre des manifestants sous couvert de l’état d’urgence », estimant que ces pratiques constituent une violation manifeste des droits mentionnés dans la Constitution et des Pactes ratifiés par l’Etat tunisien.
La Ligue a, par ailleurs, exigé l’ouverture d’une enquête « sérieuse et indépendante » sur ces agressions « complètement inadmissibles » dans une société démocratique. L’Organisation tunisienne de lutte contre la torture a, pour sa part, appelé, dans un communiqué, les autorités au respect du droit de manifester et à mettre un terme à l’état d’urgence.
L’Organisation a noté la recrudescence de la répression contre les rassemblements et les manifestations pendant l’état d’urgence, relevant plusieurs abus, notamment l’usage de la violence, le 1er septembre courant Place Mohamed Ali et à l’Avenue Habib Bourguiba, lors d’un rassemblement de jeunes dénonçant le projet de loi relatif à la réconciliation économique.
Selon la même source, les forces de l’ordre ont empêché, le 2 septembre, plusieurs agriculteurs de manifester devant le siège du ministère de tutelle en agressant plusieurs d’entre eux.
Un groupe de jeunes militants avaient lancé, le 2 septembre également, un appel sur Facebook pour protester contre le projet de loi relatif à la réconciliation économique mais ils ont été arrêtés par les forces de police et traduits devant le ministère public, ajoute l’organisation.
Pour l’Observatoire des droits et des libertés de Tunisie, les forces de l’ordre ont, délibérément, réprimé les dernières manifestations et recouru à la violence pour disperser les manifestants.
Les forces de l’ordre ont pris pour cible tous ceux qui ont essayé de filmer ces événements ou transmettre les informations à ce sujet qui, pour la plupart, ont été arrêtés et contraints d’effacer les images, ajoute l’observatoire.
En réponse à ces critiques, le chargé de l’Information au ministère de l’Intérieur, Walid Louguini, a déclaré à l’agence TAP que le ministère « ne fait qu’appliquer la loi relative aux manifestations qui exige l’obtention d’une autorisation au préalable », affirmant qu’aucune manifestation ni mouvement autorisés n’ont été interdits. Le ministère assurera la sécurisation des mouvements de protestation pacifiques et autorisés, a-t-il dit.