Le texte d’un chef d’entreprise qui ‘en peux plus en voyant ce pays aller vers l’abîme!
Chers amis qui avez accès à ma page et vous autres, je n’en peux plus voyant mon pays aller directement vers l’abîme!
Je me présente, Tounsi Mohamed, je dirige une entreprise d’extrusion des matières premières plastiques techniques, unique en Tunisie et au Maghreb, et employant une cinquantaine d’ingénieurs et de techniciens supérieurs.
C’est ce qui me permet de vous relater ce qui se passe dans cette filière, jadis fleuron de l’industrie tunisienne.
Je commence par mes clients:
– MSF: deux sociétés de 370 salariés en arrêt depuis 8 mois parce que tout simplement, du jour au lendemain, ils demandent une augmentation arbitraire.
– Misfat: 900 salariés en arrêt pour le même motif, sauf que Misfat impacte l’activité de 3 à 4 autres entreprises sous-traitantes et perd du coup ses donneurs d’ordre.
– AB Plast, fabricant de film rétractable, 300 salariés en arrêt, ils demandent des augmentations.
– Altia: 180 à 200 salariés, des grèves multiples.
– Microtechnique : blocage et grève, la direction pense sérieusement délocaliser en Roumanie.
Je ne vous cite pas les entreprises qui ont mis les clés sous le paillasson ou celles qui sont parties de ce foutu pays ou celles qui ont arrêté tout nouvel investissement.
Je ne vous dis pas que cette filière souffre grandement de l’économie de bazar qui a été instaurée en Tunisie.
Comme si cette situation ne suffisait pas, l’administration renchérit.
Une de nos lignes de production est tombée en panne. Il fallait acheter un moteur en Allemagne, le constructeur exige 50% du montant pour commencer la confection du moteur, laquelle construction demande deux mois. Nous nous dirigeons vers notre banque qui demande une autorisation auprès de la Banque centrale en juin 2015. Après une attente interminable et n’ayant aucune réponse aux milliers de coups de téléphone, parce qu’à la Banque centrale personne ne répond au téléphone, nous nous présentons ce matin à cette institution. Réponse de celui qui nous accueille: Prenez RDV. Comment le prendre alors qu’il n’y a personne qui répond au téléphone? Après moult altercations et une menace de ne plus quitter les lieux, nous eûmes une promesse d’avoir cette autorisation le lendemain. Trois mois de perdus dans un pays qui a urgemment besoin de chaque seconde de travail.
Nous sortons de la Banque centrale et nous nous dirigeons vers le tribunal des affaires foncières pour s’enquérir d’une attestation que nous avions demandée il y a 5 mois et qui bloque un dossier bancaire de crédits de gestion de l’entreprise. Grande surprise, le dossier est tel qu’il a été déposé il y a cinq mois. Nous protestons, nous nous agitons et nous menaçons de ne pas quitter les lieux. Alors un responsable daigne prendre le dossier, il le traite et nous envoie chez une secrétaire pour nous donner ladite attestation. Tenez-vous bien : cette secrétaire, sans la moindre hésitation, nous dit texto: Retournez chez qui vous a envoyés (son supérieur hiérarchique) et dites-lui de faire par lui-même ce boulot. Le pauvre supérieur n’ayant d’autre solution, il s’adresse à une autre secrétaire, comme s’il s’adressait au bon Dieu pendant la prière, pour nous préparer l’attestation.
Je ne vous dis pas que dans cette administration, nous circulions à travers les couloirs et les étages sans que personne ne nous demande ce que nous faisions ou ce que nous cherchions là-bas. Et vous dites que nous sommes en guerre contre le terrorisme!
Dites-moi s’il vous plaît où va ce pays? C’est un cri d’alarme qui ne servira à rien, je sais, mais au moins qui me décharge parce que je n’en peux plus. La Tunisie court à sa perte.
Mohamed Tounsi