Le monde de l’athlétisme risque d’être pris dans une nouvelle affaire de dopage au vu des résultats de tests sanguins d’athlètes transmis à plusieurs médias, rapporte la BBC dimanche.
Le Sunday Times britannique et le groupe de radio-diffusion allemand ARD/WDR disent avoir eu accès aux résultats de 12.359 tests sanguins effectués sur plus de 5.000 athlètes sur une durée de 11 ans. L’analyse des tests par des scientifiques montre que plus de 800 athlètes ont donné des échantillons sanguins qui étaient ou “anormaux” ou “suggéraient grandement” le dopage, rapporte la BBC qui dit avoir vu les documents.
Des tests sanguins anormaux ne sont pas en eux-mêmes une preuve de dopage, mais la publication de ces données risque d’embarrasser l’Association internationale des fédérations d’athlétisme (IAAF en anglais) à moins d’un mois des championnats du monde d’athlétisme à Pékin. “Nous devons attendre la transcription de tout cela avant de faire des commentaires”, a déclaré dimanche à la presse le secrétaire général de l’IAAF, Essar Gabriel. Le président de l’IAAF, Lamine Diack, qui doit quitter son poste ce mois-ci, a dit qu’il n’était pas au courant. “Si vous l’avez vu, vous pouvez me dire ce que ça dit”, a-t-il déclaré, alors qu’il se trouvait à Kuala Lumpur pour une session du Comité international olympique (CIO).
L’Agence mondiale antidopage (Ama) a quant à elle fait part de son inquiétude. “L’Ama est très préoccupée par ces nouvelles accusations soulevées par l’ARD qui va, une nouvelle fois, porter atteinte aux athlètes intègres dans le monde”, a déclaré dans un communiqué le président de l’agence, Craig Reedie.
“(Ces informations) vont immédiatement faire l’objet d’un examen de la part de la commission indépendante de l’Ama qui enquêtera plus en détails”, a-t-il ajouté. L’organisation a mis sur pied il y a quelques mois une commission chargée d’enquêter sur un précédent scandale de dopage qui a entaché en décembre dernier le monde de l’athlétisme. Craig Reedie a toutefois souligné auprès de journalistes présents à Kuala Lumpur que “les athlètes sont innocents tant que leur culpabilité n’a pas été établie”.
Selon la BBC, un tiers des médailles gagnées dans les épreuves d’endurance aux Jeux olympiques et aux championnats du monde entre 2001 et 2012 ont été remportées par des athlètes dont les tests étaient “suspects”. Sebastian Coe, candidat à la présidence de l’IAAF, a promis de mettre en place un organisme anti-dopage spécial pour l’athlétisme. L’élection du nouveau président de l’IAAF aura lieu le 19 août à Pékin.
L’ancien champion olympique de saut à la perche Sergueï Boubka est lui aussi candidat. Pour la fédération d’athlétisme du Kenya, les informations du Sunday Times et d’ARD/WDR relèvent tout simplement d’une “campagne de diffamation” à l’approche des championnats du monde de Pékin.
Le ministre russe des Sports, Vitali Moutko, a quant à lui rejeté les accusations voulant que plus de 400 athlètes russes soient soupçonnés d’avoir pris des substances illicites, et a estimé que ces accusations avaient partie liée avec l’élection à venir du nouveau président de l’IAAF. “Ce scandale n’a rien à voir avec la Russie.
Ce qui est en jeu, c’est le système mondial de l’athlétisme”, a-t-il dit, cité par l’agence de presse Itar-Tass. “Il y aura l’élection du président en août, et une lutte pour le pouvoir est en cours, comme d’ordinaire”, a-t-il dit.