A l’approche de l’Aid El Ftir ou de l’Aid Essaghir” (la fête des enfants), les marchés parallèles des rues de la capitale sont inondés de jouets à la portée des bourses modestes mais, généralement, non conformes aux normes de qualité.
De la rue Charles de Gaules au Souk Boumindil à Tunis, les étals anarchiques exposent une marchandise diversifiée d’origine inconnue : des jouets, des chaussures, des sacs, des vêtements… Malgré les appels répétés lancés par les autorités concernées pour sensibiliser les gens à éviter l’achat de produits contrefaits, les citoyens continuent de fréquenter ces endroits où ils peuvent se procurer des articles bon marché.
Accompagnés de leurs parents, des enfants, surtout des garçons se figent devant leurs jouets de prédilection : des pistolets à bille, tir-boulette et autres jouets classés par le ministère de la santé comme jouets dangereux dont la manipulation présente un réel risque pour la santé des enfants. Face à l’insistance et aux pleurnicheries de son enfant, Mohamed finit par acheter un pistolet à billes tout en étant conscient du risque que son fils encourt, mais il dit que tous les voisins du quartier possèdent des pistolets à bille et qu’il ne peut pas priver son enfant d’être heureux. “Non je ne crois pas que le pistolet à billes présente un risque.
Si on écoute tout ce qu’on dit à la télé on n’achètera plus rien à nos enfants, il ne faut pas exagérer, l’essentiel c’est de ne pas prendre pour cible le visage”, a déclaré un autre parent rencontré à l’entrée du souk Boumindil. Leila Materi, chef de service d’ophtalmologie à l’institut “Hédi Rais” a fait savoir qu’au cours de la période de l’Aid, l’hôpital enregistre une dizaine de cas graves nécessitant une intervention chirurgicale en plus des cas moins graves de lésions ou hématomes de la paupière.
Elle a ajouté que les accidents les plus graves sont causés par un objet contondant ou un projectile pouvant entraîner la perte fonctionnelle de l’œil, ajoutant à ce propos que même un pistolet à jet d’eau puissant peut susciter des lésions oculaires.
De son côté, Mabrouk Nadhif, directeur général de l’Agence Nationale de Contrôle Sanitaire et Environnemental des Produits (ANCSEP) a fait savoir que la manipulation des jouets comme les pétards peuvent occasionner des blessures et des brûlures cutanées. Il a indiqué que plusieurs jouets commercialisés contiennent un liquide toxique dégageant des odeurs nauséabondes provocant des étouffements, des nausées et des inflammations.
D’autres jouets comportant des produits chimiques peuvent causer, a t-il ajouté, des maladies dangereuses comme le cancer, l’insuffisance rénale et les maladies respiratoires. Nadhif a rappelé que les équipes de contrôle sanitaire ont saisi, au cours de cette année, des montres manuelles pour enfants contenant du cadmium, du plomb et du phtalate.
Dans le cadre de la prévention des risques sanitaires provoqués par ces jouets, le directeur de l’ANCSEP a mentionné que les opérations de contrôle ont été intensifiées au niveau des circuits de distribution, des points de vente en gros et en détails ainsi que dans les marchés parallèles. Ces opérations sont effectuées par une commission mixte regroupant des représentants des ministères du commerce, de l’intérieur, de la santé et des finances.
A l’occasion de l’Aid, L’ANCSEP a lancé une campagne de sensibilisation à travers la programmation de spots radiophoniques et télévisés. Par ailleurs, des dépliants ont été distribués dans les hôpitaux et seront disponibles dans les écoles à partir de la prochaine rentrée scolaire.
Chaque année, pendant la période du Aid El Ftir, des données relatives aux cas de blessures enregistrées ainsi que sur les opérations de saisie des jouets dangereux sont recensés par les autorités concernées. Voici les principales statistiques de l’année 2014 :
20 cas de blessures enregistrés dans les hôpitaux dont 11 blessures au niveau oculaire et 2 brûlures au niveau de la main.<br><br> – Saisie de plusieurs jouets dangereux :
9934 jouets à projectile 2400 cartouches 549 pointeurs laser 18353 pétards
– Saisie de jouets d’origine inconnue : 2500 portables en plastique, 350 voitures en plastique, 1200 yoyos et 650 sachets contenant des ballons en plastiques.