Ce sont cinq musiciens, virtuoses déchaînés du “Quintet Silsila”, qui se sont produits, samedi dernier, sur les planches du Théâtre municipal de Tunis, dans un concert d’avant première de leur nouveau album “Désert du Thar”.
Emportant un public peu nombreux vers des consonances des plus lointaines, cette sixième soirée ramadanesque de la 33ème édition du festival de la médina de Tunis s’est déroulée, un jour après l’attentat terroriste de Sousse.
“Comment rester insensible face à un terrible drame?”, a lancé le saxophoniste et dirigeant du groupe Clément Duthoit. C’est avec le morceau “Safa” (prénom et mode de musique turque) que le groupe a choisi, en concertation avec le violoniste tunisien Zied Zouari, d’exprimer sa peine et de partager la douleur de la Tunisie.
Imposant une certaine méditation, “Safa” a expliqué à l’agence TAP Zied Zouari, est un morceau soufi habité de sérénité, de pureté, de transparence et d’émotions fragiles plongées dans la souffrance. “Safa” (qui veut dire en français, limpidité) s’est voulu aussi un moment de recueillement à travers l’art à la mémoire de toutes les victimes ainsi qu’une marque de solidarité envers la Tunisie.
Avec un répertoire puisant dans les patrimoines musicaux traditionnels de l’Inde, de la Turquie, de l’Afrique, de l’Algérie et de la Tunisie, l’osmose entre l’archet du violoniste tunisien Zied Zouari et les airs du saxophoniste Clément Duthoit a été relevé par les notes de la contrebasse 5 cordes de Benjamin Body, les percussions du polyvalent Pierre Rigopoulos et de la partition du piano de l’atypique Nicolas Arnault.
De cette harmonie, un jeu subtil a pris forme avec une fascinante vitesse d’exécution et une impressionnante justesse, rendant chaque sonorité, mélancolique et vivante à la fois. En faisant jouer, chanter et danser toutes les palettes musicales, les instrumentistes, ont tout simplement subjugué par leur charisme et leur façon de se déplacer dans une parfaite harmonie et une impressionnante entente. C’est là d’ailleurs, que réside l’esprit de leur création qui loin, de tout conformisme musical, se vit et se ressent, pour être transmise d’un pays à l’autre. Et c’est cet esprit de transmission qui est à l’origine de l’appellation du “Quintet Silsila”, a expliqué à l’agence TAP, Clément Duthoit. “Silsila qui veut dire chaîne ou fil, repose sur la transmission dans le soufisme des rites coraniques par la voie orale loin de la vision mystique et religieuse des choses” a-t-il mentionné.
“Le Désert du Thar”: “Varanasi” (en référence à la ville Varnassi ou Bénarès en Inde), “Tombouctou”, “Istanbul”, “Hé Allah Mali”, “Parfum d’Alger” …autant de morceaux faisant écho à des traces, images et souvenirs de plus de dix ans de voyages en Orient, en Inde, en Afrique et en Turquie, a expliqué Clément Duthoit.
Ce premier album dont la sortie est prévue le jeudi 1er octobre 2015 à Paris, est la somme d’un mélange musical subtil de rencontres musicales, de découvertes et de belles révélations. C’est le fruit des pérégrinations musicales dans les rues et dans les écoles de musique en Inde, de la rencontre à Tombouctou avec le blues malien du grand chanteur et guitariste Ali farka Touré et de la découverte de l’extraordinaire musique turque.
C’est d’ailleurs à partir de ces divers coups de coeurs pour des sonorités méconnues pour Duthoit, qu’il a eu ce “punch” pour écrire une musique colorée orientée plutôt vers le classique, le jazz avec une grande place à l’improvisation.
Parlant de ce premier concert, Zied Zouari a témoigné que “Le Désert du Thar” est à la fois une immersion musicale profonde sur la dualité entre la “Lumière du Sahara et la couleur sombre du Thar, une sorte de relation énigmatique entre beauté, chaleur, tristesse et laideur”.
Après cette avant première tunisienne, le groupe Silsila créé depuis janvier 2013 serait probablement de retour pour une tournée en Tunisie a confié Zied Zouari à l’agence TAP pour les mois d’octobre et novembre 2015 notamment à Ennejma Ezzahra à Tunis, à Sousse ou encore à Sfax.