Des start-up en compétition pour amadouer les investisseurs

Quatre minutes pour attirer l’attention des investisseurs : plus de 80 start-up françaises et étrangères ont présenté mercredi chacune un projet innovant lors d’une rencontre à Paris dans l’espoir de lever des fonds pour franchir le cap de la maturité.

“Il faut mettre en avant les gens qui résolvent des problèmes importants dans le monde avec la technologie, il faut les célébrer comme des rock-stars!”, lance l’organisateur de l’évènement, Xavier Duportet, au siège de la banque publique d’investissement Bpifrance à Paris.

Son association Hello Tomorrow, qui met en relation les jeunes entreprises innovantes avec les industriels, les scientifiques et les investisseurs, a reçu en début d’année 3.600 dossiers de plus de 90 pays pour participer au concours international “Hello Tomorrow Challenge” qui se tiendra jeudi et vendredi à la Cité des Sciences et de l’Industrie.

Seuls 30 projets dans six secteurs (transport et mobilité, énergie et environnement, matériaux et production, nouvelles technologies, agro-alimentaire, santé) avaient été retenus en avril, dont cinq start-up françaises. Mais une cinquantaine d’autres avaient été invitées à Paris pour gagner en visibilité.

Les 30 sélectionnés auront l’opportunité de se présenter à nouveau jeudi devant un vivier d’industriels et d’investisseurs dans l’espoir de repartir avec un de six prix de 15.000 euros.

Vendredi, ces six finalistes concourront devant un jury de 60 industriels, investisseurs, entrepreneurs et chercheurs. Le lauréat se verra décerner 100.000 euros à l’issue de cette compétition.

Ladislas de Toldi, 27 ans, entend bien être de la fête. Il a été le dernier à passer son premier grand oral mercredi : “30 secondes après, j’ai été approché par deux investisseurs, un Américain et un Français”, se réjouit le co-fondateur de Leka, une jeune pousse spécialisée dans la robotique pour les enfants autistes, créée en novembre.

Son objectif : lever 600.000 euros pour continuer à développer son robot Moti en forme de ballon aux grands yeux et le commercialiser à la fin de l’année.

– Affronter le marché américain –

Même scénario pour Baptiste Boulard, 28 ans, qui vient d’être approché par deux investisseurs américains. Une aubaine pour le co-fondateur de Swapcard, une plateforme de gestion des cartes de visite numériques créée il y a huit mois.

Ce carnet d’adresses évolutif avec mise à jour automatique qui fonctionne comme un réseau social, vient de lever 500.000 euros auprès de deux business-angels mais souhaite justement lever de nouveaux fonds dans deux ans pour être présent aux Etats-Unis.

“Plus tôt on va aux Etats-Unis, plus on va vite et il faut aller vite” dans l’innovation, explique cet ancien avocat qui considère toutefois l’Hexagone comme “le meilleur pays pour se lancer”.

Un phénomène qui a incité le ministre français de l’Economie, Emmanuel Macron, à réagir.

Pour rivaliser avec la concurrence américaine en matière d’investissements et de débouchés, “nous avons besoin d’un marché européen”, a-t-il dit en anglais à l’ouverture de cette journée avec les investisseurs.

“La France est de retour”, “bien plus attrayante qu’il y a quelques années” du fait des réformes engagées mais “nous voulons être plus agressifs sur le plan financier” pour développer les entreprises innovantes, a reconnu le ministre.

Passé le seuil des 10 millions d’euros, “70% des fonds proviennent du monde anglo-saxon”, a-t-il souligné, estimant qu’il fallait “réduire” la culture du “stigmate de l’échec” dans le milieu entrepreneurial français, “lever les barrières” et “promouvoir le succès” dans un pays, où “nous détestons l’échec et nous n’aimons pas beaucoup les succès”.

“En France on investit dans les sociétés une fois qu’elles ont réussi, au lieu de l’inverse”, constate Xavier Duportet, primé pour sa biotech (PhageX) qui veut révolutionner le marché des antibiotiques.

[24/06/2015 17:47:58] Paris (AFP)