Wikileaks s’attaque à l’Arabie saoudite, avec la publication, vendredi 19 juin, de quelque 61 000 câbles et mémos, s’étalant sur plusieurs années, présentés comme des communications confidentielles authentiques de la diplomatie saoudienne.
Un flot d’informations peu reluisant pour le royaume wahhabite.
Le site prévoit de publier près de 500 000 documents de ce type, comprenant des communications d’ambassades, des échanges de courriers électroniques entre diplomates et des notes préparées par d’autres organismes du pouvoir saoudien, dans le cadre de l’opération “The Saudi Cables”.
“Saudi Cables” a mis en lumière une dictature qui devient de plus en plus imprévisible. Cette année, elle a non seulement célébré sa 100e décapitation, elle est aussi devenue une menace pour ses voisins ainsi que pour elle-même”, a indiqué Julian Assange, créateur du site Wikeileaks.
Les documents déjà disponibles révèlent notamment les manœuvres de la diplomatie saoudienne, grâce à sa puissance financière et son influence religieuse, pour contrecarrer l’influence grandissante de son ennemi intime iranien et ses alliés régionaux (régime syrien et Hezbollah libanais).
D’autres câbles traitent des questions régionales et des défis posés par le printemps arabe. On apprend par exemple que l’Arabie saoudite a tenté de négocier avec les Frères musulmans d’Égypte la liberté de l’ancien président Hosni Moubarak contre la somme de 10 milliards de dollars.
En outre, on découvre que la diplomatie saoudienne cherche constamment à influencer les médias occidentaux (Canada, Australie, entre autres) et arabes (Égypte, Liban…) en sa faveur, en échange de participations et d’aides financières, voire en achetant des responsables au sein de chaînes récalcitrantes. Une politique destinée à acheter le silence des médias, par “la neutralisation ou la contrainte”.
Concernant la Tunisie, une correspondance datant de 2012, indique que l’Arabie saoudite avait contacté le gouvernement Jebali en vue de « réconcilier » le président déchu avec l’Etat tunisien.
Un autre document fuité montre que l’ambassadeur de Tunisie à Bahrein a présenté à son homologue saoudien, des documents faisant état de la découverte d’un champ pétrolier, dont les autorités tunisiennes n’ont pas encore annoncé, officiellement, l’existence.
Pour limiter l’écho et prévenir les dommages que pourraient produire ces révélations, le ministère des Affaires étrangères a mis en garde les saoudiens, sur son compte tweeter, de ne pas diffuser de « faux documents » destinés à déstabiliser le royaume.
Une enquête a été ouverte et le ministère a prévenu qu’il engagera des poursuites contre les personnes impliquées dans cette fuite.
La pétromonarchie wahhabite, qui règne en maître sur la sphère sunnite du monde arabe, a de quoi s’inquiéter, au moment où le Moyen-Orient et le Golfe traversent une des périodes les plus critiques de son histoire.