Tunisie : Des ONG mettent en garde contre “la recrudescence des exactions” à l’encontre des journalistes

Un collectif d’ONG a mis en garde, jeudi, contre “la recrudescence des exactions” depuis le début de l’année, à l’encontre des journalistes et de la liberté de la presse.

A la veille de la célébration de la journée internationale de la liberté de la presse, le 3 mai, le collectif d’ONG dont Article 19, Reporters sans frontières, l’association Vigilance, le Centre de Tunisie pour la Liberté de la Presse (CTLP), le Réseau Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme, Community Media Solutions (CM Solutions), le World Association of Community Broadcasters (AMARC), ont exprimé leurs inquiétudes concernant le nombre élevé d’agressions recensées contre les journalistes et blogueurs ainsi que les restrictions à la liberté d’expression et d’information prévues dans plusieurs projets de loi.

Depuis le début de l’année, plus de 30 agressions ont été commises contre des journalistes, dont une majorité dans les régions. Les agents des forces de l’ordre en sont souvent les premiers responsables, notamment à l’égard des journalistes qui couvrent des manifestations.

“Les organisations signataires s’inquiètent face à la multiplication des pressions dont font l’objet les journalistes et rappellent aux pouvoirs publics la nécessité de protéger leur sécurité physique et juridique tout en leur facilitant l’exercice de leur mission”, note la déclaration, citant l’affaire du kidnapping des deux journalistes chourabi et ketari.

Les organisations signataires appellent aussi à la révision des projets de loi liberticides à l’encontre de la liberté d’expression et de presse, tels le projet de loi de lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent et le projet de loi sur la répression des atteintes contre les forces armées.

“Ces textes représentent une véritable menace pour la mise en place d’un paysage médiatique libre, pluraliste et indépendant, notamment lors de la couverture d’événements d’actualité liés à la lutte contre le terrorisme”, affirme la déclaration.

Les organisations signataires rappellent que les autorités se doivent de respecter les garanties prévues par les articles 31 et 32 de la Constitution ainsi que les engagements internationaux pris par la Tunisie en matière de liberté d’expression et d’information, ont-ils signalé.

Le collectif d’ONG de défense de la liberté d’expression relève aussi l’importance du nouveau cadre juridique de la presse et de la communication audiovisuelle et du droit d’accès à l’information considéré “comme catalyseur de la liberté d’expression et d’information”, exhortant le législateur à prendre en considération les recommandations issues des auditions de la société civile, notamment en ce qui concerne le renforcement de la diffusion proactive de l’information.

Au vu de la détérioration générale du climat pour les médias, les organisations ont aussi appelé à lutter contre l’impunité des violations commises à l’encontre des journalistes.

“Le sentiment d’impunité ne disparaîtra que si toutes les allégations de violences contre les journalistes font objet d’une enquête complète et si la justice condamne tous les débordements, en poursuivant les responsables des actes de violence “, signale la déclaration.