Une économie moribonde en tout cas au bord de l’asphyxie, des tiraillements politiciens sans fin, un gouvernement frileux voire sourd et muet… Les Tunisiens n’en peuvent plus. Dans cette cohue, un chef d’entreprise plutôt un banquier de son état fait des propositions audacieuses au gouvernement de Habib Essid. Il s’agit d’Ahmed El Karm, le patron d’Amen Bank, pour qui le pays a besoin d’une “loi d’urgence économique“.
Rappelons que la France, dans sa Constitution, possède l’Article 49-3 dit d’«engagement de responsabilité», et qui permet au gouvernement de faire passer le texte qu’il présente, sans vote, sous couvert du rejet de la motion de censure que l’opposition se doit de déposer pour la forme, avec peu d’espoir de réussite.
De façon concrète, Ahmed Karm, qui s’exprimait lors du Forum de Réalités (23-24 avril 2015), suggère de tenter l’effet électrochoc sur l’économie… Car, par les temps qui courent, il est indispensable de rassurer les milieux d’affaires et montrer à l’opinion qu’un changement significatif est en cours. Le banquier tunisien sait de quoi il parle. Ahmed El Karm rappelle que, dans les années 70, au sortir de cette période d’immobilisme économique lié à la collectivisation, un déclic était venu d’une idée simple: exonérer l’exportation de l’impôt. Et, ce fut à l’origine d’un coup de punch qui a produit l’effet que l’on connaît.
Au milieu des années 90, pour conforter le retour de la croissance au sortir du PAS (Programment d’ajustement structurel), l’Etat avait accepté de privatiser certains des fleurons industriels du secteur public.
Aujourd’hui, face à des revendications tous azimuts, il est important de faire une opération “coup de poing“. Concrètement, M. Karm énumère quatre mesures:
1- doper l’investissement privé. Pour ce faire, il estime salutaire “de faire revenir les capitaux évadés“, et ce d’autant plus qu’il s’agit d’un gisement disponible et consistant (pas moins de 600 millions d’euros seraient planqués dans les caisses de HSBC), avec un total des avoirs des Tunisiens dans les banques internationales estimé à 20 milliards de dollars. Dans ce cas pourquoi ne pas faire refluer cette manne contre un impôt libératoire, et ainsi suivre l’exemple du Maroc…?
2- M. El Karm estime également vital de décréter tout de suite la convertibilité du dinar.
3- Comme troisième mesure, il propose une amnistie fiscale: une pénalité libératoire, en signalant que la CNSS a tenté l’opération, en un mois elle a fait rentrer 60 millions de dinars.
4- La quatrième mesure concerne le développement régional, et là, le patron d’Amen Bank pense nécessaire d’initier en toute hâte un projet phare dans chaque gouvernorat.
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